Sur «Le patriotisme circonstanciel du maire de Dakar-Plateau» : Réponse à Abdou Khadre Gaye

Je viens m’exprimer par devoir de vérité et surtout par souci de ne pas léguer sur bien des points à la postérité, des contrevérités qui risquent de devenir des vérités historiques si elles ne sont pas démenties, avec des arguments factuels et vérifiables.
Dimanche n’a vraiment pas été un jour paisible de repos, de recueillement et de spiritualité pour notre «écrivain» local Abdou Khadre Gaye, candidat malheureux aux dernières élections locales à l’issue desquelles il n’avait pas pu avoir la confiance du 10ème de la majorité qui avait fait, pour la troisième fois, de Alioune Ndoye le maire de la commune de Dakar-Plateau.
Les populations avaient donc tranché d’une part, dans le sens de laisser monsieur Abdou Khadre Gaye continuer de s’occuper de l’Entente des mouvements et associations de développement, devenue son Ong (que toutes les associations constituantes lui ont laissée !) ; et d’autre part, laisser monsieur Alioune Ndoye continuer de s’occuper, comme il sait si bien le faire, de la destinée de notre commune pendant les cinq prochaines années qui courent jusqu’en 2027.
Qu’est-ce qui a bien pu faire croire à monsieur Abdou Khadre Gaye que le maire, élu avec un Conseil municipal auquel il n’appartient même pas, doive avoir son aval, sa bénédiction, son consentement, sinon organiser constamment un référendum local, avant d’exercer une quelconque de ses prérogatives ?
C’est ahurissant, la méchanceté gratuite et inutile qui se décèle dans ce gribouillis très mal inspiré, qui risque même de compromettre le statut d’historien que d’aucuns lui collent. Parce que l’histoire se construit à partir de récits et d’écrits d’une époque, qui ont réussi à survivre au temps. Si les sources sont biaisées ou manipulées, les générations futures héritent d’un mensonge en lieu et place de la vérité historique. Tout silence face à la manipulation de l’actualité est plus que complice ; il est coupable et ignoble. Il permet au faux d’aujourd’hui de devenir une vérité historique ; un anti modèle d’aujourd’hui, considéré demain comme un héros ; et vice versa. Il y a donc une impérieuse urgence à mettre définitivement un terme à certaines affirmations sans fondement que véhicule à chaque occasion Abdou Khadre Gaye.
Aucun expert n’a jamais recommandé autre chose que la démolition puis reconstruction du marché Sandaga. La première expertise avait été commanditée par le maire Alioune Ndoye qui a dû abandonner l’option de réhabilitation qu’il avait initialement, après avoir été convaincu. Il l’a dit et répété dans plusieurs de ses sorties par rapport à Sandaga. Par la suite, quand l’Etat du Sénégal avait décidé de prendre en charge sous le pilotage du ministère de l’Urbanisme qui avait comme maître d’ouvrage délégué l’Agetip, cette dernière avait sollicité une expertise du cabinet Icos qui est un bureau d’études techniques habilité à apprécier, qui avait émis, entre autres diagnostics, un risque structurel (menace d’affaissement). Ce cabinet avait lui aussi recommandé la démolition puis la reconstruction.
Monsieur Gaye ne donnera jamais le nom d’un cabinet d’experts comme il l’affirme tout le temps sans sourciller, qui aurait émis un avis contraire. Est-ce qu’il sait d’ailleurs en la matière qui est habilité à faire quoi ? Quelle est la compétence des architectes en matière d’études de structures ? Au-delà de leur incompétence à s’exprimer sur la question, quelle légitimité ont-ils pour imposer leur vouloir à la commune qui jouit du patrimoine ; qui avait respecté toutes les procédures et avait même pris sur elle de financer sur fonds propres après pratiquement une décennie de louvoiement, alors que les ménagères qui vivent réellement dans la commune sont à nos jours, encore obligés d’en sortir pour s’approvisionner ? C’est ignorer cet état de fait, qui trahit une vraie méconnaissance d’un véritable problème des populations. A quel coût ? Au prix adjugé par l’appel d’offres qui ne concernait pas un bâtiment à remettre sur pied, mais deux flambant neufs qui permettent de régler certains problèmes de cadre de vie très délicats, que chacun fustige depuis toujours, mais auxquels nul n’a jamais apporté une réponse aussi pertinente qui a d’ailleurs nécessité une bataille ardue pour l’imposer.
Monsieur Gaye évite d’évoquer le fait qu’il avait considéré que Alioune Ndoye avait tort de se battre pour récupérer Sandaga qui est une infrastructure marchande, donc revenant légitimement à la commune comme partout au Sénégal. L’issue de ce combat légitime devrait être une autre raison de faire profil bas, et comprendre que le maire que notre localité s’est choisi, est très loin devant lui. Si la population s’était trompée de choix, nous ne discuterions pas aujourd’hui d’option, nous aurions en réalité perdu lamentablement un patrimoine légitime.
Par rapport à la débaptisation des rues et places publiques, cela avait déjà été évoqué depuis 2018 ; c’était à l’occasion de l’inauguration de la Salle de délibération de la commune qui avait été baptisée au nom de Doudou Guèye Aminata Samb, Doyen de la collectivité léboue, qui était présent dans la salle (Que la miséricorde divine soit sur lui). A cette occasion, le projet de reconstruction du marché Sandaga avait été présenté publiquement pour la première fois ; le maire avait aussi fait un plaidoyer pour qu’on rende hommage aux gens pendant qu’ils sont encore en vie pour rompre avec la propension de ne rendre que des hommages posthumes. Il avait même ironisé en disant que le problème ne sera pas d’enlever les noms à connotation coloniale, mais de choisir des noms pour les remplacer ; parce-que chaque famille estime avoir un des siens qui doit être honoré. Il avait fait appel aux sachants pour aider à faire des choix judicieux. C’est finalement en 2020 qu’une délibération autorisant le maire à mettre en place une commission scientifique chargée de travailler sur la question a été votée. Si cinq ans après la mise en place de cette commission, on estime que la décision n’a pas été bien mûrie, ou même que personne n’a jamais entendu parler de cette commission, il y a de quoi se demander finalement est-ce que certains ne s’intéressent en fin de compte à la marche des choses qu’épisodiquement, lorsque survient une opportunité de placer un coup politique ?
Lequel des parrains choisis ne mérite pas d’être honoré ? Voilà le seul angle de vue qui mérite d’être considéré. Parce que beaucoup d’autres personnalités méritent d’être honorées ; mais même au niveau de nos propres foyers, le débat par rapport à qui revient le nom de l’enfant ou pas est assez récurent. Peut-on pour une raison comme celle-là, accuser quelqu’un de tous les crimes d’Israël ?
Comment peut-on honnêtement imputer à quelqu’un une responsabilité qui n’est pas sienne ? Est-ce la commune qui salit les rues ? Est-ce à elle qu’incombe le nettoiement ou le ramassage des ordures ? Est-ce à elle qu’incombe l’assainissement ? Depuis quand la sécurité est-elle une compétence transférée ? Que peut-elle contre la pauvreté ? L’Etat a confié toutes ces responsabilités à des institutions qui sont identifiables pour être indexées en cas de défaillance. Par contre, aucune institution n’a la charge de reconstruire les mosquées au niveau des quartiers, même quand elles menacent plusieurs vies chaque jour. En prenant en charge leur reconstruction, notre maire démontre par l’acte, qu’il se préoccupe beaucoup plus que ceux qui font de la sécurité des populations un simple fonds de commerce politique. Où était monsieur Gaye quand les administrés de Thieudème cogitaient autour de la question de la reconstruction de leur mosquée ? Il n’était certainement pas encore au courant que de telles assises se sont tenues ; ou est-ce parce qu’il n’habite plus dans ce quartier que la mosquée n’importe plus à ses yeux ? Est-ce qu’il savait qu’au niveau de Rebeuss comme de Yakheu Dieuf, les choses avaient traîné à cause de contradictions internes ? Sait-il que l’appréciation de la pertinence d’envoyer des pèlerins aux lieux saints avait été laissée aux imams et maîtres coraniques qui en avaient discuté pendant plusieurs heures pour s’accorder sur le fait que c’était une excellente chose à pérenniser, avec une seule voix discordante ? Non ; notre commune n’est pas une localité où les choses ne sont pas discutées. Tant pis pour ceux qui pensent qu’on doit venir chez eux pour recueillir leur avis sur tout. Il est évident que la bonne foi est totalement absente dans ce verbiage qui est plus un exercice de cruauté gratuite déguisée en pensée.
Quelle est la responsabilité du maire si malgré le fait que notre commune soit la mieux dotée par l’Etat central en infrastructures et espaces de diffusion de la culture, ce secteur ne brille pas de mille feux ? Est-ce à la commune de se substituer aux acteurs et aux promoteurs culturels ?
Qu’est-ce qui peut justifier autant de colère et d’amertume, pour juste une lettre appelant à une collaboration franche, le ministre de l’Intérieur pour mener à bien la mission d’éradication de l’encombrement ? Il a affirmé publiquement avoir toujours interpellé tous les ministres de l’Intérieur qui se sont succédé ; n’a-t-il pas anéanti un argument comme celui qui revient constamment : pourquoi seulement maintenant ?
Il sera extrêmement difficile de se prononcer sur tous les points et aspects soulevés dans ce défouloir que rien ne justifie, sinon une colère mal instruite qu’on a présentée comme un discours et qui n’est en réalité qu’un cri d’égo habillé en critique sociale ; un exercice beaucoup plus aisé que de présenter des alternatives crédibles, bien pensées.
Notre institution communale est notre levier de développement ; entre des mains inexpertes et prétentieuses, le risque de nous retrouver encore plus profondément que le quatrième sous-sol est bien réel.
Alors attention à ne pas nous laisser divertir ou égarer.
Sélé DIEYE
Administré de Dakar-Plateau