Le tableau «Portrait d’une dame» a été retrouvé grâce à une annonce d’une agence immobilière dans la maison d’un ancien nazi. Mais une fois sur place, l’œuvre n’était déjà plus là…

Plus de 80 ans après la Seconde Guerre mondiale, les œuvres spoliées par les nazis continuent de réapparaître. A Mar del Plata, ville de la province de Buenos Aires située à 404 kilomètres de la capitale argentine, c’est une annonce immobilière qui a permis de remonter la trace d’un tableau spolié par les nazis… Avant qu’il ne disparaisse de nouveau. Portrait d’une dame, peint par l’Italien Giuseppe Ghislandi -dit Fra Galgario-, avait été volé pendant la Seconde Guerre mondiale et était répertorié dans le registre néerlandais des biens culturels disparus à cette époque. C’est grâce au travail d’investigation de deux journalistes du quotidien néerlandais Algemeen Dagblad que sa piste a été retrouvée. Les deux hommes enquêtaient depuis plusieurs années sur le destin de la collection de Jacques Goud­stikker. Ce marchand d’art juif avait vu ses quelques 1400 œuvres se faire spolier par l-occupant nazi en 1940 -dont 202 seulement ont à ce jour été récupérées. Parmi les bénéficiaires de ce dépouillement : le haut dignitaire nazi Friedrich Kadgien, connu pour avoir pillé des biens juifs -notamment des diamants- et pour avoir été l’ancien bras droit de Hermann Göring… Mais aussi et surtout pour être parvenu à échapper à la Justice, se réfugiant tour à tour en Suisse, au Brésil, puis en Argentine à Mar del Plata, où il décédera.

Il est «improbable qu’il s’agisse d’une copie»
C’est pour résoudre le mystère du destin de la fortune de Friedrich Kadgien que les journalistes se rendent en Argen­tine, à l’occasion des 80 ans de la guerre. Ils entrent en contact avec l’une des filles du dignitaire nazi, qui décline leur sollicitation, avant de se rendre chez elle. Devant la maison, ils trouvent un panneau «à vendre», et décident de chercher la demeure sur le site de l’agence immobilière. Bin­go : sur l’une des photos -depuis supprimée-, le tableau est bien visible, accroché au-dessus d’un canapé vert. Les autorités du pays, ainsi qu’Interpol, se saisissent de l’affaire : la maison est perquisitionnée dès le lendemain de la parution de l’article dans Algemeen Dagblad. Sur place, la police ne trouve que quelques armes et des croquis datés de 1947. Le tableau a disparu, remplacé par une tapisserie. D’après l’Agence du patrimoine culturel des Pays-Bas (Rce), qui s’est exprimée auprès de journalistes locaux, il était «improbable qu’il s’agisse d’une copie», au vu des dimensions de l’œuvre et, surtout, du fait qu’elle ait été retrouvée chez la fille d’un dignitaire nazi.
Le Point