Déclaration à la manif pour la libération de Farba : Pape Malick Ndour dans le viseur de Pastef

Après ses déclarations controversées lors de la manifestation pour la libération de Farba Ngom, Pape Malick Ndour, qui avait appelé à démettre le régime, s’est retrouvé dans le viseur de Pastef. Amadou Bâ et Ayib Daffé parlent ainsi d’un appel à un «coup d’Etat» et de propos irresponsables. Et l’ex-ministre de la Jeunesse et ses avocats ont dénoncé ces interprétations et annoncent des poursuites judiciaires contre les deux leaders du parti au pouvoir. Par Justin GOMIS –
Dans la foulée de la marche pour la libération de Farba Ngom, Pape Malick Ndour s’est retrouvé dans une grosse polémique, qui ne dégonfle pas. Un gros caillou dans sa chaussure ? L’ancien ministre de la Jeunesse, qui a pris part ce samedi à la mobilisation en faveur du député-maire des Agnam, a appelé à «démettre le régime» et à former un gouvernement de transition pour permettre à Macky Sall «de finir le mandat» avant l’organisation de nouvelles élections. «Il faut se lever et arrêter la souffrance des Sénégalais. Nous appelons à faire face à ce régime d’incompétents…», harangue Malick Ndour devant les militants.
Ce qui devait rester une déclaration politique risque de déborder sur le champ judiciaire. Ayib Daffé a dénoncé un appel à un coup d’Etat. Le président du Groupe parlementaire de Pastef déclare : «Nous condamnons les propos extrêmement graves de Pape Malick Ndour, responsable des cadres de l’Apr, qui appelle publiquement à un coup d’Etat. Après avoir piteusement échoué à reporter l’élection présidentielle de 2024, les trublions de l’Apr rêvent désormais de renverser l’ordre constitutionnel républicain. De plus en plus, l’exercice du droit de s’opposer d’une minorité bruyante et brouillonne sert de prétexte à la remise en cause éhontée des fondements de notre démocratie, au mépris de la volonté populaire et du suffrage universel. Ces dérives antidémocratiques et antipopulaires et leurs promoteurs doivent être dénoncés et combattus avec la plus grande énergie par les démocrates de tous bords.» Amadou Bâ, ministre de la Culture, enfonce le clou : «L’ancien ministre Papa Malick Ndour déclare publiquement qu’il faut unir les forces sociales pour renverser le gouvernement actuel et installer un gouvernement de transition dirigé par Macky Sall pour finir le mandat.» Il ajoute : «Pour beaucoup moins que ça, d’autres ont été poursuivis pour atteinte à la sûreté de l’Etat.» L’ex-député dénonce des déclarations «irresponsables» et «insultantes pour le suffrage universel», affirmant que «la réserve républicaine du pouvoir ne doit pas être confondue avec une faiblesse».
Face à ces «interprétations tendancieuses» et «diffamatoires», le président de la Coordination des cadres républicains tente d’éteindre l’incendie. En mesure préventive, il annonce une «action en Justice contre des membres de Pastef», pour dénoncer une «manipulation politique». «Je refuse la diffamation et la manipulation. Dès lundi, mes avocats déposeront une plainte contre toi, Monsieur le ministre [Amadou Bâ], ainsi que contre le président du Groupe parlementaire de Pastef [Ayib Daffé] qui m’accuse d’avoir appelé à un coup d’Etat», a déclaré l’ancien ministre de la Jeunesse. Dans son post, il réfute catégoriquement l’accusation d’appel à la violence : «Jamais je ne m’abaisserai à des interprétations malveillantes pour salir un adversaire politique ou instrumentaliser la Justice.» Il reprécise sa pensée : «Que les choses soient claires : je n’ai appelé ni à un renversement du gouvernement par la force ni à un coup d’Etat. Tout le monde peut regarder la vidéo.»
Pour l’appuyer dans sa défense, le collectif des avocats de Pape Malick Ndour a annoncé, par le biais d’un communiqué, son intention d’engager des poursuites judiciaires contre Amadou Bâ et Ayib Daffé. Il dénonce une «interprétation tendancieuse» des propos tenus par leur client. Le collectif met en demeure Amadou Bâ et Ayib Daffé de retirer leurs affirmations. En l’absence d’une rétractation, les avocats prévoient de déposer une plainte pour diffamation et dénonciation calomnieuse, tenant les mis en cause pour «solidairement responsables de tout préjudice ou désagrément» que leur client pourrait subir.
Empêché de voyager il y a quelques semaines, Pape Malick Ndour a été entendu par la Section de recherches de la Gendarmerie nationale. Puis, il a été libéré sans qu’aucune charge ne soit retenue contre lui.
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