Plaidoyer – Mariages précoces et violences faites aux jeunes filles : A Kolda, le phénomène ne fléchit pas


Dans la région de Kolda, les mariages précoces suivis de grossesses empêchent l’épanouissement des jeunes filles. Ce qui freine leurs études et compromet leur avenir.
Par Justin GOMIS – Dans la région de Kolda, de nombreuses jeunes filles peinent à terminer leur cursus scolaire à cause des mariages précoces. «Nous avons des filles vraiment vulnérables, qui rencontrent beaucoup de problèmes en ce qui concerne la finition de leurs études. Les mariages d’enfants sont fréquents dans la zone, les grossesses précoces et la violence faite aux filles également», a déclaré Yoba Baldé, député à l’Assemblée nationale. Membre du Parlement panafricain et de la Commission éducation de l’institution, il peint un tableau noir de la situation : «Beaucoup de filles se marient en étant au Cm2, en 6e et 5e.» Il a fait ces révélations lors d’un panel organisé dans le cadre de la Commission éducation du Parlement panafricain pour parler de la situation des jeunes filles en milieu scolaire. «Dans le milieu peul, on donne en mariage des filles de 9, 10, 11 et 12 ans», ajoute-t-il. Une pratique qui repose sur les principes de «la culture». «Ils disent que c’est depuis la naissance de la fille qu’on lui a attaché un morceau de tissu pour tel ou tel. C’est ce qui fait qu’à 9, 10 ans, on donne la fille en mariage. Ce sont des choses très dangereuses qu’on doit arrêter, parce que les mariages d’enfants ou mariages précoces empêchent les jeunes filles de poursuivre leurs études. Quand on donne la fille en mariage, elle rejoint son foyer. Elle tombe en état de grossesse. Avec les conditions de vie africaines, il est très difficile pour la jeune fille en état de grossesse de supporter et les travaux ménagers et les études. Finalement, on a l’habitude de le dire, le mariage ne fait pas bon ménage avec les études. Ne pouvant pas associer les deux, la fille est obligée de laisser les classes pour aller s’occuper de son foyer», se désole le parlementaire.
D’après lui, les statistiques montrent qu’il y a un taux assez élevé d’abandon des études par les jeunes filles. Un combat que les parlementaires panafricains veulent porter pour juguler ce phénomène qui freine l’éducation de nombreuses jeunes filles dans nos pays. «Pour les parlementaires, que ce soit au niveau de l’Assemblée nationale du Sénégal ou au niveau du Parlement panafricain, en tant que porteurs de voix qui votons les lois, nous ne pouvons que travailler dans des commissions pour aider ces jeunes filles. Nous ne pouvons que proposer des lois qui vont aider ces jeunes filles à rester à l’école afin d’achever leurs études», promet Yoba Baldé.
En tout cas, les parlementaires ne comptent pas mener seuls ce combat. «Nous allons influencer d’autres acteurs comme la Société civile, les délégués de quartier pour travailler à faire cesser ce phénomène. Car il faut reconnaître que les femmes sont en train de jouer un rôle extrêmement important dans le développement socio-économique. Aujourd’hui, nous avons des femmes ingénieures, des femmes professeures, des femmes médecins. Ce que les hommes peuvent faire, les femmes savent aussi le faire», souligne l’honorable député, en insistant sur la sensibilisation pour permettre aux jeunes filles de continuer leurs études.
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