Alors que des bijoux disparaissent du Louvre, Paris retrouve son éclat dans les œuvres d’Art Basel. La foire confirme la place unique de la capitale dans l’art mondial.

Comment les Parisien·nes se remettront-ils du vol des bijoux au Louvre ? Peut-être en oubliant un temps l’époque napoléonienne et en fréquentant la plus importante foire d’art contemporain au monde, Art Basel Paris, qui réunit, cette semaine au Grand Palais, plus de 200 galeries françaises et internationales. La foire attirera le regard (et les portefeuilles) des collectionneur·ses et marchand·es qui saluent tous·tes la place devenue centrale de Paris dans l’écosystème artistique mondial. Et même si le marché semble moins dynamique cette année (des galeries ferment, les transactions se calment après la surchauffe spéculative des temps récents), le paysage de l’art contemporain, tel que Paris en dessine les contours, a tout d’un éblouissement dont aucune autre ville au monde ne peut aujourd’hui se vanter.
Au-delà même des grandes galeries présentes sous la verrière du Grand Palais, le hors-les-murs d’Art Basel Paris (de la Place Vendôme à l’Institut de France), le programme Oh La La !, parcours placé sous la direction de Loïc Prigent, le programme public au Palais d’Iéna, avec Miu Miu qui invite Helen Marten, la multitude d’événements pop-up, mais aussi la dizaine de salons off  -Offscreen, Akaa, Asia Now, et surtout Paris Internatio­nale qui réunit 66 galeries émergentes…-, complètent une offre prolifique, de quoi donner le vertige à tous·tes les visiteur·ses qui ne sauront plus où donner de la tête, ni où mettre leurs pieds. Comment fixer son regard sur des œuvres-clés lorsque des milliers s’offrent à vos yeux dans un espace-temps aussi resserré ? Comment garder la fraîcheur de la contemplation quand la saturation de la rétine menace à chaque coin de rue ?
Une impressionnante programmation muséale
Mais, la clef de cette nouvelle attractivité parisienne se joue aussi dans l’impressionnante programmation muséale qui vient redoubler la curiosité des marchand·es américain·es, comblé·es par des expositions faisant écho à l’histoire de l’art de leur pays (Philip Guston et Raymond Pettibon au Musée Picasso, George Condo au Musée d’art moderne, John Singer Sargent à Orsay, Echo Delay Reverb, art américain et pensées francophones au Palais de Tokyo…). Nouveaux lieux (la magistrale Fondation Cartier place du Palais-Royal), jeunes artistes exposés (prix Marcel-Duchamp, Meriem Bennani à Lafayette Anticipations, Miles Greenberg chez Reiffers Art Initiatives, Poush à Chaillot, Tarik Kiswanson à l’Institut suédois…), expositions boule­versantes sur l’histoire de l’art des cinquante dernières années (Gerhard Richter à la Fon­dation Louis Vuit­ton, Mi­nimal à la Bourse de commerce, Bridget Riley à Orsay, etc.)… il n’y aura rien de plus beau, éclectique, électrique dans le monde de l’art que cette semaine folle à Paris. Le pari de l’art, Paris est devenue le lieu qui l’incarne le mieux au monde. Même vidée des bijoux de la Couronne de France.

Les Inrockuptibles