Action pour les droits humains et l’amitié (Adha) appelle à la mise en place d’une commission mixte d’enquête sénégalo-ghanéenne pour faire toute la lumière sur la mort du jeune footballeur sénégalais Cheikh Touré, retrouvé sans vie à Kumasi (Ghana). L’organisation de défense des droits humains demande également que les Etats du Sénégal et du Ghana assument pleinement leurs responsabilités face à la multiplication des crimes transfrontaliers liés à la traite humaine et à l’exploitation de jeunes Africains.Par Ousmane SOW –

Après le Département des enquêtes criminelles (Cid) de la police du Ghana, Adama Mben­gue, président d’Action pour les droits humains et l’amitié (Adha), dans un communiqué transmis à la presse, dit suivre «avec une attention particulière» l’évolution de l’enquête sur le décès de Cheikh Touré, qu’il qualifie d’«homicide présumé». Selon l’organisation, des éléments récents relayés par la presse ghanéenne font état du démantèlement d’un réseau de traite humaine et de cybercriminalité, impliquant plusieurs ressortissants étrangers et ayant conduit à la libération d’une cinquantaine de victimes nigérianes à Tema et Accra. Adha estime que ces révélations pourraient avoir un lien indirect avec les circonstances entourant la mort du jeune footballeur sénégalais Cheikh Touré. «Cette affaire ne saurait être réduite à un simple fait divers», soutient le communiqué, qui évoque une «violation manifeste des droits à la vie, à la sécurité et à la dignité humaine», droits garantis par la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples, ainsi que par la Convention des Nations unies contre la criminalité transnationale organisée. Adha alerte sur la «gravité» de ces dérives, dénonçant les réseaux qui continuent d’attirer de jeunes Africains à travers de «fausses promesses d’emploi, de formation ou de carrière sportive à l’étranger». L’orga­nisation estime que ces pratiques constituent «une atteinte grave aux droits fondamentaux et à la dignité humaine».
Face à cette situation, Adha réclame la création d’une commission d’enquête indépendante, dotée de moyens juridiques et diplomatiques suffisants pour «établir les responsabilités et garantir la transparence des investigations». Elle invite également les gouvernements du Sénégal et du Ghana à «remplir leur obligation de diligence raisonnable» dans la prévention, l’enquête et la sanction des actes de traite et d’exploitation. L’organisation de­mande que les suspects interpellés soient poursuivis conformément à la législation ghanéenne, et que l’Etat du Sénégal se constitue partie civile si un lien est confirmé entre ce réseau criminel et le décès de Cheikh Touré. Adha exhorte, en outre, la Cedeao et l’Union africaine à activer leurs mécanismes de coopération judiciaire et policière afin de lutter plus efficacement contre les trafics humains et les migrations frauduleuses menées sous couvert d’opportunités sportives. Elle appelle enfin les familles, académies de football et clubs à «faire preuve de vigilance» et à «exiger des garanties légales avant tout départ ou recrutement à l’étranger». «L’inaction ou la complaisance face à de telles dérives constituerait une faute morale et politique, contraire aux engagements internationaux du Sénégal et du Ghana», avertit l’organisation dans le communiqué, précisant que «la mort de Cheikh Touré ne doit pas s’ajouter à la longue liste des jeunes Africains sacrifiés par les illusions d’un rêve brisé».
57 Nigérians secourus, 5 trafiquants arrêtés
Dans une opération bien ficelée, le Département des enquêtes criminelles (Cid) a mis la main sur 5 individus soupçonnés de faire partie d’un redoutable syndicat de traite d’êtres humains et de cybercriminalité. 57 jeunes Nigérians ont été libérés des griffes de ces criminels présumés. Un coup de filet qui intervient quelques jours après la mort de Cheikh Touré. «Le Département des enquêtes criminelles (Cid) de la police du Ghana, par l’intermédiaire de son unité opérationnelle, a arrêté 5 suspects pour trafic présumé de 57 ressortissants nigérians vers le Ghana», a précisé le communiqué signé par l’Inspectrice en chef Brigitte Babanawo, responsable des relations publiques du Cid. Dans la même veine, l’opération policière a également permis la saisie de plusieurs objets utilisés dans le cadre des activités illégales présumées. «La police a récupéré 77 ordinateurs portables, 38 téléphones portables, 2 véhicules, 3 téléviseurs et d’autres appareils connectés à Internet, qu’on présume avoir été utilisés pour commettre les crimes», indique le document.
ousmane.sow@lequotidien.sn