Arts visuels – Redynamisation du secteur artistique : Hugues Diaz prône la réactualisation de la loi du 1%


La loi 6802 du 4 janvier 1968, ou loi du 1%, vise à promouvoir l’intégration de l’art dans les constructions publiques au Sénégal, en imposant que 1% du coût des travaux soit consacré à la décoration artistique. Malgré son importance, l’application de cette loi pose problème. Hugues Diaz, directeur des Arts, lors de l’ouverture de la Saison artitique qui marque le lancement des manifestations à la Galerie nationale d’art, jeudi dernier, a attiré l’attention sur cette loi, tout en plaidant pour qu’elle soit réactualisée. Par Amadou MBODJI –
La loi 6802 du 4 janvier 1968, également connue sous le nom de loi du 1%, vise à promouvoir l’intégration de l’art dans les édifices publics au Sénégal. Cette loi dispose que tout projet de construction ou d’équipement d’un bâtiment public, financé en totalité ou en partie par des fonds publics, doit comporter un programme de décoration artistique. Mais selon Hugues Diaz, directeur des Arts, il se pose un problème relatif à l’application de cette loi soulevée. «Il y a une loi dont on ne parle plus et qui est d’une importance capitale. C’est la loi 6802 du 4 janvier 1968. Pour ceux qui ne le savent pas, elle préconise d’associer la création artistique dans l’édification, la construction des bâtiments publics ou qui bénéficient d’un apport public. Elle indique clairement, surtout dans son article 1er, que tout projet de construction et d’équipement d’un bâtiment public, financé en totalité ou en partie par le budget de l’Etat, d’une collectivité locale ou d’un établissement recevant du public, tel qu’un hôtel, un grand magasin, une salle de spectacle, un complexe touristique, devra, lorsque la dépense dépasse 20 millions de francs, francs de ce temps-la, comporter un programme de décoration artistique. Cette loi doit vraiment persister, doit survivre jusqu’à présent. Donc, le montant du projet artistique est de 1% du coût des travaux. C’est ce qui lui vaut la dénomination de la loi du 1%. Aujourd’hui, on ne peut pas vous dire grand-chose sur l’applicabilité de cette très belle loi», note t-il.
Le directeur des Arts intervenait, ce jeudi, à l’occasion du lancement de la saison artistique de la Galerie nationale d’art. Celle-ci a démarré par une conférence publique sur le thème : «Arts visuels au Sénégal : quelles politiques publiques pour booster le sous-secteur ?», animée par M. Diaz. Selon lui, il y a eu des efforts pour appliquer la loi du 1% lors de la construction des édifices pour le Sommet de l’Organisation de la conférence islamique (Oci) en 2008 à Dakar, avec des centaines de millions de francs Cfa octroyés aux artistes. «C’est vrai, lorsqu’on construisait les grands édifices devant appuyer le Sommet de l’Oci, on a vu les ponts, les passerelles décorés. Ce sont des centaines de millions qui avaient été vraiment octroyés par les créateurs, les artistes. Donc, cette loi, vraiment, on va y revenir. Il faudrait qu’on l’actualise, que les pouvoirs publics puissent l’appliquer», souligne le directeur des Arts.
Pour une stratégie nationale de développement des arts visuels
Revenant sur la conférence publique qu’il animait et qui portait sur le thème : «Arts visuels au Sénégal : quelles politiques publiques pour booster le sous-secteur ?», Hugues Diaz dégage quelques pistes de réflexion en mettant le curseur sur le renforcement de la gouvernance et de la coordination institutionnelle. Il prône ainsi l’élaboration d’une stratégie nationale de dévelop-pement des arts visuels avec des objectifs clairs et un suivi-évaluation impliquant des professionnels du secteur dans la prise de décision. En plus de cela, il appelle de tous ses vœux une restructuration économique du secteur par la mise en place de mécanismes de financement innovants et adaptés aux besoins des artistes et des entreprises culturelles. A cela, s’ajoutent, selon lui, un mécénat et un sponsoring qu’accompagnerait une fiscalité adaptée au secteur. Hughes Diaz milite également pour le développement des infrastructures et des circuits de diffusion, et l’investissement dans la réhabilitation et la création de musées, de galeries d’art et de centres culturels.
ambodji@lequotidien.sn

