Mbour – Discours religieux, «arme de construction massive» : Le Sénégal réaffirme son modèle de paix sociale


Le discours religieux apaisant est un ciment sociétal permettant une harmonieuse cohésion avec les différents segments du pays. Par Alioune Badara CISS –
Le Sénégal, reconnu pour sa tradition de tolérance et de coexistence religieuse, a conclu, ce week-end à Saly, un atelier national de haute importance sur le thème : «Le discours religieux au Sénégal et son rôle dans la consolidation de la citoyenneté, des valeurs du vivre-ensemble et dans la promotion de la paix sociale.» Lors de cette rencontre organisée par la Direction des affaires religieuses, les travaux, qui ont réuni guides religieux, chercheurs, représentants de l’Etat, éducateurs et communicateurs, ont abouti à un appel pressant pour un discours religieux «fédérateur» et à la création d’organes de suivi pour préserver le modèle sénégalais de cohésion sociale. La clôture de cet atelier, qui s’est achevé sur l’affirmation que le discours religieux, lorsqu’il est authentique et responsable, est un instrument d’unité et de stabilité nationale. D’ailleurs, le point central des trois jours d’échanges est la reconnaissance unanime du Sénégal comme un «modèle de coexistence religieuse et culturelle» qu’il est impératif de préserver et de transmettre.
Ainsi, Djim Dramé, directeur des Affaires religieuses, a souligné l’importance de l’événement en déclarant que «le religieux, loin d’être un facteur de division, est au contraire un instrument d’unité, de stabilité et de construction nationale. Cette conviction s’aligne sur la vision des plus hautes autorités de l’Etat». Quant à Bakary Sarr, secrétaire d’Etat auprès du ministre de la Culture, de l’artisanat et du tourisme, chargé de la culture, des industries créatives et du patrimoine historique, il a réitéré la haute considération et l’espoir que le président de la République et le gouvernement placent dans le rôle que le discours religieux peut jouer dans la construction du pays et son intégration dans les perspectives stratégiques nationales.
Les participants ont dégagé des pistes concrètes pour renforcer le rôle du discours religieux comme «levier d’éducation civique, de cohésion sociale et de paix durable». Les conclusions des travaux insistent sur la nécessité d’un message d’équilibre, de justice et de compassion. Interrogé sur les recommandations majeures, le directeur des Affaires religieuses, Djim Dramé, a mis en exergue la «nécessité de préserver le modèle sénégalais par un discours religieux vraiment fédérateur qui enseigne, éduque et forme».
Il a résumé la puissance de ce vecteur de communication avec une formule bien faite : «Car, en vérité, le discours religieux est une arme de construction massive, lorsqu’il est fondé sur la sagesse, la science et la foi sincère», a rappelé M. Dramé. L’atelier a également mis l’accent sur le rôle capital des médias et de l’éducation dans la diffusion de ce message de paix.
C’est pourquoi, le secrétaire d’Etat Bakary Sarr a rappelé que les médias jouent un «rôle central dans la paix et la cohésion sociale». Il a lancé un appel pour qu’ils «continuent à jouer ce rôle fondamental, fédérateur pour la cohésion et pour la paix sociale».
Sur les réformes, les participants ont engagé une réflexion sur l’intégration formelle des enseignements de tolérance, d’acceptation de l’autre et de l’essence de l’héritage de paix des figures spirituelles nationales dans les cursus scolaires. L’objectif est de s’assurer que les générations futures connaissent et s’approprient les «valeurs religieuses, sociales, culturelles» du Sénégal. Pour que les conclusions ne restent pas lettre morte, la Direction des affaires religieuses s’est engagée à mettre en œuvre un plan d’actions et de suivi. «Il y aura la création d’un organe national de concertation, la mise en place d’une structure unique et permanente pour le dialogue entre l’Etat et les acteurs religieux, la création d’un observatoire national du discours religieux, un outil essentiel pour l’analyse, la prévention des dérives et l’accompagnement des médias, et pour finir, la tenue des assises nationales des cultes», a listé le directeur des Affaires religieuses.
Au-delà de ces actions institutionnelles, les représentants des foyers religieux se sont engagés solennellement à «être les premiers et les plus grands défenseurs du discours religieux qui exalte notre humanité», et à condamner publiquement «tout discours de haine, d’intolérance ou d’appel à la violence». Un comité de suivi a été annoncé pour concrétiser ces engagements et les intégrer dans les politiques publiques.
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