Arrestation de la directrice de 7Tv et du directeur de la Rédaction de Rfm : L’opposition dénonce une dérive dictatoriale


Les arrestations de Babacar Fall et de Maïmouna Ndour Faye dans leurs locaux ont indigné la classe politique, notamment l’opposition qui dénonce une dérive autoritaire.
Après les interpellations violentes des journalistes Babacar Fall et Maïmouna Ndour, les partis de l’opposition ont condamné ces mesures. «Libertés bâillonnées, micros muselés», charge l’Apr, qui évoque «une dérive dictatoriale». Le parti de Macky Sall a fustigé avec «véhémence l’intervention musclée de la gendarmerie dans deux rédactions sénégalaises, qui a conduit à l’arrestation de Maïmouna Ndour Faye et Babacar Fall». Selon le communiqué du Secrétariat exécutif national (Sen), «ces opérations, survenues alors que des émissions étaient en cours de diffusion», constituent une «violation flagrante de la liberté de la presse et de l’Etat de Droit». L’Apr parle d’un pouvoir qui «verse dans la violence barbare, digne des pires dictatures de l’histoire».
Evoquant de manière générale la situation des médias, l’ancien parti présidentiel rappelle le «harcèlement fiscal», les «restrictions publicitaires» et «l’arrêt des conventions». Ainsi, «le régime a franchi la ligne rouge» en s’en prenant directement aux journalistes. Après avoir dénoncé «l’instrumentalisation de la gendarmerie et de la Justice à des fins politiques», l’Apr appelle «toutes les Forces vives de la Nation -partis politiques, syndicats, associations et citoyens- à s’unir pour faire face à cette dérive liberticide».
Dans le même sillage, le Parti démocratique sénégalais (Pds) condamne aussi «fermement les circonstances des interpellations des journalistes dans leurs propres locaux, alors qu’ils exerçaient leurs fonctions». Le parti des Libéraux assure que le «traitement réservé à Babacar Fall et à Maïmouna Ndour Faye est indigne». En ce qui concerne la patronne de la 7Tv, «la violence des images diffusées et l’entrave à l’exercice des droits de la défense -un de ses avocats ayant été empêché de la voir- sont inacceptables et incompatibles avec les principes d’un Etat de Droit». Le Pds rappelle que ces arrestations, «intervenues en marge d’interviews accordées à un homme politique présumé innocent, accusé mais ni jugé ni condamné, soulèvent de graves interrogations sur le respect de la liberté de la presse et des garanties fondamentales consacrées par la Constitution de la République du Sénégal». Ainsi, le Pds insiste sur un point : «En démocratie, le rôle des journalistes est essentiel. Ils doivent pouvoir exercer leur mission en toute indépendance, sans crainte de représailles ni pressions indues.»
Alors que le parti dirigé par Idrissa Seck condamne des atteintes «graves à la liberté d’expression et au libre exercice du métier de journaliste». Pour Rewmi, «ces arrestations marquent un dangereux tournant dans la gouvernance du pays, où les médias, piliers de la démocratie, se retrouvent sous pression pour avoir donné la parole à des voix jugées dérangeantes».
«Ce qui se joue aujourd’hui dépasse la seule question de la presse : c’est la démocratie elle-même qui est en danger», alerte Thierno Alassane Sall. La République des valeurs appelle «tous les démocrates à se lever» pour défendre les droits chèrement acquis. «Se taire aujourd’hui, c’est cautionner la répression de demain», avertit le communiqué. D’après Thierno Alassane Sall, c’est le «vrai visage du régime», accusé de redouter la contradiction et de «piétiner la liberté». «Après l’asphyxie économique, voici venue l’ère de l’intimidation, de la peur et de la criminalisation du droit d’informer», déplore le parti de TAS, qui regrette l’existence «d’un climat de répression ciblée contre la presse indépendante», pendant que «les médias inféodés au pouvoir prospèrent, relayant la propagande officielle à coups de chroniqueurs et d’influenceurs stipendiés».
Le Parti pour la souveraineté et le développement (Psd/Njarin), dirigé par Aly Ngouille Ndiaye, rappelle à l’Etat «son devoir de garantir le respect inaliénable de la démocratie». Ainsi, le parti exige «la libération immédiate et sans conditions des personnes interpellées». Pour M. Ndiaye, il est «nécessaire de préserver les libertés fondamentales, notamment celles de la presse». Il condamne fermement toute «tentative de musellement des médias et reste vigilant quant à l’évolution de cette situation».
Par Mame Woury THIOUBOU et Bocar SAKHO
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