C’est la démocratie du «remplaçons-le, on verra après» !

Au Sénégal, la politique ressemble à une boucle sans fin, un film qu’on regarde depuis 60 ans avec les mêmes acteurs, les mêmes répliques et le même scénario. Le Peuple change de Président comme on change de chaîne, espérant trouver un programme meilleur, mais c’est toujours la même série : promesses, frustrations, répression, regrets. On ne vote plus «pour», on vote «contre». On ne choisit pas une vision, on sanctionne une personne. Et à chaque élection, on croit avoir puni l’injustice pour mieux la remplacer par l’incompétence.
Depuis Léopold Sédar Senghor, le décor n’a pas bougé : interdictions de manifestations, opposants embastillés, médias bâillonnés, Justice manipulée, jeunesse matraquée. Les régimes se succèdent, mais la rengaine reste la même. Les balles changent de calibre, les manifestants changent de génération, mais le résultat est identique : des morts, des larmes et une indifférence d’Etat. On efface, on oublie, et on recommence. Et au moment du vote, comme des amnésiques chroniques, on se dit encore : «Celui-là fera mieux.»
De Diouf à Wade, de Wade à Macky, de Macky à Diomaye, c’est la même comédie : le Peuple, lassé, distribue des votes-sanctions comme des coups de colère. On chasse l’ancien sans vraiment connaître le nouveau. Abdou Diouf a été puni pour son immobilisme, Wade pour son entêtement, Macky pour ses abus de pouvoir. Et maintenant, Diomaye Faye découvre déjà que gouverner le Sénégal, ce n’est pas tweeter des promesses. L’histoire bégaie, et le Peuple applaudit entre deux regrets.
Les politiciens sénégalais, eux, se connaissent bien. Hier ennemis jurés, aujourd’hui alliés de circonstance, demain complices repentis. Les mêmes têtes se retrouvent à toutes les sauces : un jour ministre, un jour opposant, un jour prisonnier politique, un jour invité d’honneur au Palais. On combat le pouvoir du jour pour s’asseoir à sa place demain. La trahison n’est plus une honte, c’est une stratégie.
On dit «je quitte» le parti au pouvoir à 10h, et «je reviens» à 14h, juste le temps que la soupe refroidisse.
Et quand ils arrivent au pouvoir, nos nouveaux élus réalisent soudain que leur parti n’a ni cadres, ni techniciens, ni administrateurs formés. Alors, que font-ils ? Ils piochent chez l’adversaire, ils recyclent les «compétents» d’hier qu’ils insultaient la veille. La transhumance devient alors politique d’Etat, l’improvisation devient méthode de gouvernement, et les ministères se transforment en centres d’apprentissage sur le tas.
Pendant ce temps, la Justice, censée être indépendante, devient un instrument de vengeance politique. On envoie un juge ici, un mandat là, un dossier par-ci, un emprisonnement par-là. La République devient une scène de règlement de comptes. Chaque Président, du plus poète au plus populiste, s’en sert pour éliminer ceux qui pourraient lui faire de l’ombre. Et quand la rue s’enflamme, on interdit les marches, on gaze les jeunes ou on tue certains d’entre eux, on arrête les journalistes, avant d’organiser des prières pour «la paix sociale». Ironie tragique : même les morts des manifestations finissent par être classés sans suite, comme si leur sang n’avait servi qu’à repeindre nos illusions.
Et pourtant, à chaque alternance, on chante l’espoir. On se dit : «Celui-là est différent.» Mais quelques mois plus tard, on retrouve les mêmes dérives, les mêmes réflexes, les mêmes excuses. Au Sénégal, les présidents passent, mais le système reste, ancré dans une culture politique de calculs et de rancunes. On est dans un pays où le politicien peut s’allier au diable pour vaincre un adversaire, et bénir ce même diable s’il lui offre un ministère.
L’homme providentiel ? Il n’existe pas. Ce que le Sénégal attend, ce n’est pas un messie, ni un prophète, mais une conscience collective. Car le problème, ce n’est pas le Président, c’est nous : notre amnésie, notre docilité, notre capacité à tout pardonner au nom du «changement». On préfère chasser un homme que changer un système. Et au bout du compte, c’est la médiocrité qui gagne, encore et encore.
Le Sénégal mérite mieux que ce théâtre politique où les acteurs changent de costume sans jamais changer de texte. Tant qu’on continuera à voter par rancune et à regretter par habitude, à applaudir la répression quand elle vise l’autre et à crier à l’injustice quand elle nous frappe, notre démocratie restera un jeu d’enfants dans une cour de récréation sanglante.
Alors oui, posons-nous la question : sommes-nous normaux ?
Ndiawar DIOP
Chroniqueur citoyen, pour une République lucide et responsable !
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