«Un pays ne peut se construire sur la haine, la vengeance et le mensonge», dit-il. Voilà ce qui est attendu d’un homme politique digne de ce nom. Celui-ci n’a que faire de l’approbation des foules ou du rejet de la masse. Il reste fidèle à l’idée qu’il se fait de l’intérêt général. De l’argent a été décaissé pour indemniser des victimes, dit-on, des évènements de 2021 à 2024, et ce, sans aucune décision de Justice. A supposer que cela se justifie, pourquoi ceux qui avaient vu leurs maisons, voitures et commerces brûlés ou cambriolés ne sont nullement concernés ?
Investi de la charge à tout rompre, le Président Diomaye gagnerait à se tourner vers l’avenir. A peine un an et demi que Pastef est au pouvoir et le Sénégal est déjà à bout de souffle. Le voilà perdu dans une grande confusion, suspendu entre les promesses de transparence et les constats refoulés des partis pris et des procès d’intention. En tout état de cause, sa grandeur, aux yeux de la postérité, dépendra de sa capacité à matérialiser l’aspiration populaire à rompre avec la patrimonialisation des fonds publics. Cela passera entièrement par la modernisation de l’Administration publique et la lutte sans merci contre la corruption à tous les niveaux.
Le Sénégal est devenu un ring dans lequel les coups, même antisportifs, se justifient fâcheusement par d’autres reçus bon an mal an. C’est en cela que la vengeance est devenue la base des actes de gouvernement et la boussole des positions politiques. Quand ce n’est pas la justice des vainqueurs qui incite à l’abus, c’est l’intention d’exposer la fourberie des vainqueurs, l’irresponsabilité dans leurs discours d’opposant d’antan, qui suscite d’exclusifs intérêts personnels.
Un vulgaire chef, habité par le cynisme, suit la susceptibilité des masses alors qu’un leader, âme de feu, provoque et impulse l’élan d’une renaissance. A l’état cent fois pire du dégoût et de la haine, misons sur le dépassement et l’édification d’un niveau éminent d’organisation sociale. La logique populiste de rétribution pécuniaire des combattants pour l’accession de Pastef au pouvoir ne résistera pas aux exigences de la justice. Déjà, le non-lieu précipitamment déclaré à la faveur des maîtres de céans est venu semer, dès l’entame du processus, un grand vice, une graine plausible des errements précoces.
Birame Waltako NDIAYE