Pour documenter la situation individuelle des détenus Farba Ngom et Moustapha Diop, le cabinet Vey & associés a mandaté Pr Mads Andenas, spécialiste international des droits humains et de la détention arbitraire, pour conduire une mission indépendante à Dakar, les 5 et 6 novembre 2025. Par Justin GOMIS –

 Les avocats de Moustapha Diop, Farba Ngom et Cie ouvrent un autre front judiciaire pour sauver leurs clients. Me Antoine Vey, avocat au Barreau de Paris, ses confrères du collectif d’avocats Takku du Barreau de Dakar ont tenu hier une conférence la presse pour se pencher sur le dossier de membres de l’ancien régime sous le coup de plusieurs mandats de dépôt. Mais, l’expert international réputé, Pr Mads Andenas, ancien membre du Groupe de travail sur la détention arbitraire des Nations unies entre 2009 et 2015, constitue la botte secrète des détenus dits politiques. «Nous avons souhaité, après une première visite et une première conférence que nous avions tenues au Sénégal il y a quelques mois, montrer à l’opinion internationale une expertise indépendante sur la situation des personnes mises en cause au Sénégal, et notamment celle de deux personnes actuellement détenues : Farba Ngom, que nous avons rencontré il y a quelques minutes en prison, et Moustapha Diop, que nous rencontrerons demain», annonce Me Antoine Vey, flanqué du Pr Andenas et de Me Antoine Mbengue, représentant le pool d’avocats sénégalais.

Dans leurs discours, ils ont regretté que les demandes de mise en liberté provisoire de Farba Ngom et Moustapha Diop aient été systématiquement rejetées par les différentes juridictions. Le cabinet Vey rappelle avoir adressé, le 9 octobre 2025, deux courriers à la Justice sénégalaise, demandant la libération immédiate de Farba Ngom et de Moustapha Diop, tout en dénonçant «une procédure dépourvue de fondement juridique et contraire aux engagements internationaux du Sénégal». «Nous avons une personne que nous avons vue en détention qui a fait l’objet d’expertises médicales collégiales ordonnées par les juges, et ces expertises collégiales ont toutes conclu à l’incompatibilité de son état de santé avec une mesure de détention. Farba Ngom a été transféré d’une prison vers un autre centre de détention que nous avons visité et dans lequel nous avons pu constater, d’ores et déjà (et ça apparaîtra, j’imagine, dans le rapport du professeur Andenas), qu’il ne bénéficie absolument pas des soins médicaux dont il aurait besoin», poursuit l’avocat. Le Pr Andenas prévient : «Mon rôle n’est pas d’accuser le Sénégal, mais de constater les choses de manière objective, afin d’en dresser une expertise indépendante.» Il va faire une expertise séquencée dont la première porte sur les indices manifestes de judiciarisation de la vie politique, voire d’instrumentalisation de l’appareil judiciaire à des fins politiques. Il évoque les cas des arrestations d’anciennes personnalités du pouvoir déchu, la judiciarisation des journalistes, des leaders d’opinion, influenceurs et des manifestants. Evaluant le contexte plus large des atteintes aux libertés publiques au Sénégal, «les conclusions de cette mission feront l’objet d’un rapport d’évaluation indépendant, qui sera transmis aux instances internationales compétentes», selon le communiqué.
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