Dolapo Amusat, créateur et directeur de la plateforme We Talk Sound : «Les créateurs gagnent très peu d’argent sur leur marché local»


Les chanteurs et musiciens africains ont conscience du potentiel du secteur, mais parviennent-ils à trouver la recette financière pour créer une carrière durable ?
Seuls quelques artistes ont réussi à dénicher la clé qui leur permet de bénéficier de l’écosystème de l’afrobeat ou de la musique africaine. Certains parviennent à faire le buzz sur TikTok, puis de grands labels américains ou britanniques les repèrent, les signent et commercialisent leur musique à l’international -et pour eux, les choses se passent plutôt bien. Mais cela ne représente qu’une infime minorité : la plupart des artistes sur le continent ne savent pas encore comment transformer leur passion en véritable source de revenus.
Qu’est-ce qui empê-che que les retombées financières profitent vraiment aux acteurs continentaux ?
Même si on observe un véritable boom de la musique africaine, le manque d’infrastructures sur le continent est un blocage pour que cette croissance bénéficie pleinement aux artistes. Prenons l’exemple du Nigeria : comment voulez-vous organiser une tournée ? Il n’y a pas toujours d’infrastructures adéquates, les problèmes de sécurité persistent, et les conditions sont souvent très difficiles. De plus, du côté des plateformes de streaming, beaucoup de gens continuent à consommer la musique illégalement ou n’ont pas les moyens de payer les abonnements. Résultat : tous ces créateurs gagnent très peu d’argent sur leur marché local, et finissent donc par privilégier l’Europe ou les Etats-Unis, là où se trouvent les revenus -ce qui affaiblit l’écosystème africain.
Et même si les hits se multiplient sur les réseaux sociaux, cela ne garantit pas forcément, ensuite, une carrière stable ?
On le voit avec de nombreux artistes : ils font un tube, gagnent un peu d’argent, mais n’arrivent pas à reproduire ce succès. Je pense que nous devons à la fois renforcer notre écosystème local et développer nos marchés à l’étranger.
Rfi

