Coordonnatrice de la Coalition Diomaye Président : AMI MAL-AIMEE – Mimi Touré, un personnage politique controversé, au cœur du duel fratricide


Du Msu à And jëf, Aminata Touré, 63 ans, a atterri à l’Alliance pour la République du libéral Macky Sall, ex-militant de la Gauche, et se retrouve avec les «souverainistes». Une des figures du régime actuel, Aminata Touré a bourlingué en politique avant de se faire une place au soleil, au prix d’un changement de trajectoire ou d’une remise en cause de sa pensée politique. Désormais, elle est au milieu d’un duel fratricide, après avoir été provisoirement portée à la tête de la Coalition Diomaye Président pour sa restructuration.
Les mots ne sont pas entourés dans un euphémisme pour masquer les apparences. Ils sont crus : Pastef ne reconnaîtra pas Aminata Touré comme nouvelle coordonnatrice de la Coalition Diomaye Président. Le parti de Sonko dit qu’il ne croit pas aux idéaux et principes qu’elle représente. C’est le come-back d’une controversée personnalité, sous le halo des projecteurs au milieu de la crise politique en cours dans la mouvance présidentielle. Rejoignant sur le tard le mouvement qui a porté Diomaye au pouvoir, Mimi Touré a été longtemps amnistiée par les «Patriotes» grâce à son soutien et ses sorties contre le régime Sall qu’elle a servi jusqu’à son agonie. Après l’élection de Diomaye Faye, elle est bombardée Haut représentant du chef de l’Etat. Un retour sous les lambris du pouvoir, mais les regards inquisiteurs se posent toujours sur elle à cause de son passé critique sur le leader de Pastef.
Bien sûr, Aminata Touré, adulée et honnie, est un parcours politique riche, semé d’embûches et de controverses. Née en 1962, elle a cumulé des fonctions importantes au Sénégal, marquant l’histoire politique du pays. Décrite comme une «forte tête» avec des «convictions chevillées au corps» et une grande autonomie qui lui valent respect et méfiance. Son style direct, sa rigueur et son refus de se soumettre facilement aux directives de certains cercles du pouvoir ont souvent été interprétés comme de l’arrogance ou de l’intransigeance.
Malgré son statut national, elle a subi de terribles défaites électorales lors des Locales à des moments cruciaux (notamment à Grand-Yoff et à Kaolack), ce qui a nourri les critiques de ses détracteurs qui la présentent comme une figure sans «base électorale» solide, la rendant politiquement vulnérable.
Son limogeage de la Primature et de la présidence du Cese a marqué des ruptures avec son ancien allié. Ces épisodes, souvent vécus comme des injustices, ont été suivis par son passage dans l’opposition, faisant d’elle une critique virulente de l’ancien régime, et alimentant les rumeurs et les attaques personnelles à son encontre (notamment sur des questions financières).
Une figure controversée de la résilience et du combat
Malgré les critiques et les revers, Aminata Touré est souvent dépeinte comme une femme combative, qui adore les défis. Son parcours témoigne de sa capacité à rebondir : elle a été l’une des plus farouches opposantes au troisième mandat de Macky Sall après sa rupture avec la majorité, qui l’a ensuite vomie.
L’ex-ministre de la Justice continue de s’impliquer activement dans le débat politique sénégalais, défendant ses positions avec fermeté. En définitive, l’image de «Mimi Touré, la mal aimée», cristallise la complexité d’une femme politique brillante et déterminée dont l’ascension fulgurante et le caractère entier ont suscité autant d’admiration pour sa compétence et sa rigueur que d’animosité en raison de son autonomie et de ses ambitions.
Aujourd’hui, elle se retrouve au milieu d’une bataille politique entre Diomaye et Sonko. Mimi Touré va devoir traverser un champ de mines au plus sombre de la nuit.
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