Depuis plus d’un mois, le patron du Groupe Avenir Communication, Serigne Saliou Diagne, est arbitrairement détenu en prison pour crime de parenté. Le procureur n’a trouvé aucune incrimination à lui imputer, mais cela n’a pas empêché le juge de le maintenir en prison. Serigne Saliou Diagne a laissé un vide dans cette rédaction, qui est difficile à combler. De plus, ses «Palimpsestes» continuent de manquer à nos lecteurs. Nous ne pourrons pas remplacer sa plume, et ne le souhaitons pas. Mais Le Quotidien veut garder frais, dans les mémoires, le souvenir de ses chroniques au style si particulier. Cela démontrera à ses geôliers que mettre M. Diagne derrière les barreaux est facile, mais emprisonner ses idées ne sera jamais chose aisée. Les membres de la rédaction prendront chaque fois la plume en son nom et poursuivront son combat.

Accouché dans la douleur, Pastef exerce son pouvoir au forceps, avec des dissensions apparues au grand jour. Après le déni, la triste réalité. Lors de son Tera meeting du 8 novembre, le président de Pastef avait promis un après-évènement, après avoir assuré le spectacle devant des milliers de partisans qui ont renouvelé leur allégeance à leur «guide suprême». On espérait des réjouissances sous un ciel nuageux au-dessus d’un pays pourtant englué dans une crise économique inédite. Même si les divergences étaient tues pour reluire l’image subliminale d’un tandem en pleine harmonie. Une nourriture pour des militants crédules, qui caressent toujours le rêve d’atteindre le paradis promis par le régime «souverainiste» conceptualisé à travers deux personnes qui forment un même ensemble renommé de façon ingénieuse «Diomaye mooy Sonko».
Jusqu’ici, les promesses d’un changement systémique restent encore confinées dans un programme de campagne. Mais, les Cassandre n’avaient pas lu que la sainte alliance allait connaître des fissures aussi béantes, même si des craquelures apparaissaient au grand jour sur les murs. Les tentatives de rafistolage n’ont pas réussi à les masquer. Or, la crise provoquée par le changement à la tête de la Coalition Diomaye Président est venue s’abattre sur la mouvance présidentielle comme un ouragan inattendu. Alors que tout un pays se retrouve sous astreinte, redoutant en plus une exacerbation de la crise politique et institutionnelle.
En vérité, cette divergence traduit un conflit potentiel entre la légitimité institutionnelle du Président (élu par les urnes) et la légitimité populaire, morale et idéologique de Ousmane Sonko (leader incontesté du mouvement). Donc, la situation politique est celle d’une alliance structurelle testée par le périlleux exercice du pouvoir. L’avenir du duo Diomaye-Sonko dépendra de sa capacité à clarifier et respecter les rôles, définir une répartition claire des responsabilités entre le Président et le Premier ministre. Au milieu de ce duel fratricide, il faudra trouver le moyen de gérer les attentes, de rallumer une flamme qui s’éteint, de relancer la machine économique en panne sèche. En plus, l’immense espoir soulevé par leur victoire met une pression constante sur le gouvernement et les deux têtes de file de l’Exécutif, qui ne regardent plus dans la même direction. Toute dissonance est perçue comme un signe de faiblesse ou de trahison de l’idéal de «rupture» promis aux esprits les plus ingénus.
Pour l’heure, l’unité peut être réaffirmée, mais les tensions internes constituent le principal talon d’Achille de la gouvernance actuelle. Passé composé puis futur décomposé ?