Le devoir de fidélité ne saurait traduire une obéissance aveugle, surtout lorsqu’il implique l’intérêt général. Le président de la République, investi de la mission d’arbitrage, ne peut se permettre de la légèreté ou de la mollesse dans sa fonction. Il revient à Sonko de respecter ses convictions tout en restant d’une loyauté absolue vis-à-vis du Président, même quand il n’est pas d’accord. Les faits montrent le contraire. Inversion des rôles, ceux qui brandissent l’éventualité d’une trahison de Diomaye envers Sonko ne cherchent pas à rétablir la vérité politique et morale. Ils se servent de leurres pour amener méthodiquement l’opinion à jeter le chef de l’Etat aux orties.
Le premier leurre consiste à assimiler la collaboration nécessaire entre Diomaye et Sonko à de la soumission du premier au deuxième. Le second leurre consiste à confondre perfidement les vœux de Sonko avec la volonté générale. En réalité, l’objet de la trahison est d’obtenir un avantage quelconque. Or, Diomaye n’a jusqu’ici affiché aucune ambition, si ce n’est veiller à l’égalité des citoyens devant la loi. Par contre, il est clairement établi que Sonko a opté pour la méthode forte et abusive sur ses adversaires. Dès lors, la trahison porte non pas sur la relation personnelle, mais sur la poursuite de l’intérêt général. Cherchez l’erreur.
Les militants de Pastef ont bien la latitude de porter leur choix sur Sonko, pour autant que ça reste dans la sphère politique, au même titre que les militants de l’Apr obéiraient à Macky Sall. Là, il est question d’Etat, de son organisation, et du fonctionnement régulier des institutions. Les actes de défiance font légion. Il faut être patient pour endurer, en tant que Président, que son Premier ministre refuse de contresigner un acte de nomination. Humiliation ne peut être plus grande, pour un Président, que d’être accusé publiquement de faible, d’autorité en manque.
La part très considérable de Sonko dans l’élection de Diomaye et les postures émotionnelles ne doivent pas et ne peuvent en aucune façon servir de ressource, d’outil et d’objet dans la conduite des affaires publiques. En dénonçant une trahison sans en définir moindrement sa réalité, les inconditionnels de Sonko se servent de leur instrument de prédilection. Il s’agit de la politique des sentiments en tant que technique de domination, de la mise en scène d’un système de valeurs changeantes en vue de générer des sentiments d’indignation, puis de l’hystérie.
Birame Waltako NDIAYE