Les enfants sont devenus accros à Internet, comme le montre une étude de l’Unicef renseignant que 60% d’entre eux en font usage. Ce qui est un risque sur leur vécu. Un atelier de deux jours, ouvert hier sur le thème : «Abus et exploitation en ligne des enfants : réponse judiciaire et prise en charge des victimes», est organisé par la Direction générale de la protection judiciaire et sociale (Dgpjs), en partenariat avec l’Unicef, pour former les acteurs de la protection spéciale des mineurs en vue d’une meilleure prise en charge.Par Amadou MBODJI – 

Une étude de l’Unicef  met en évidence les risques liés à l’utilisation d’Internet par les enfants au Sénégal. Citée par Mme Aïssé Gassama Tall, Directrice générale de la protection judiciaire et sociale (Dgpjs) du ministère de la Justice, il ressort de cette étude que des enfants enfants interrogés utilisent quotidiennement Internet. Ainsi, certains ont  été exposés à des contenus inappropriés et d’autres victimes de prédation sexuelle sur les réseaux sociaux. «Comme vous le savez, le numérique évolue à une vitesse vertigineuse, et les mécanismes d’abus et d’exploitation évoluent avec nous. Il y a l’Unicef qui a réalisé une étude qui date de 2025, donc très récente, dans les régions de Dakar, Kédougou, Tamba, Ziguinchor, Sédhiou et Kolda. L’étude a porté sur un échantillon de 1149 enfants», dit-elle. Mme Gassama ajoute : «Maintenant, ces 1149 enfants interrogés ont affirmé utiliser Internet, et 60% ont affirmé l’utiliser quotidiennement. Mais comme vous le savez, cette connectivité accrue n’a pas que des avantages. Cette connectivité s’accompagne également de dangers parce que 45% des enfants interrogés ont dit avoir été en contact de contenus inappropriés. Ils ont également dit avoir été victimes de prédation sexuelle sur les réseaux sociaux.» Elle a fait cette révélation hier, lors de l’atelier de deux jours sur le thème : «Abus et exploitation en ligne des enfants : réponse judiciaire et prise en charge des victimes», organisé par la Direction générale de la protection judiciaire et sociale, en partenariat avec l’Unicef.
Organisé à l’intention des acteurs de la protection spéciale des mineurs qui est du ressort de la Cour d’appel de Dakar, cet atelier a permis à Mme Aïssé Gassama Tall de parler d’autres effets néfastes relatifs à l’utilisation d’Iinternet par les mômes. «On s’est rendu compte que les plateformes sociales comme TikTok, Facebook, WhatsApp, qui sont d’un accès très facile, sont souvent utilisées par des prédateurs pour recruter des enfants, pour les engager dans une prostitution clandestine. Donc, l’Etat du Sénégal a pris des mesures sur les plans législatif et institutionnel. Je peux citer la loi 2008-11 du 25 janvier 2008 sur la cybercriminalité. Il y a également la loi 2008-12, toujours du 25 janvier 2008, sur la protection des données à caractère personnel. Et en 2016, aussi bien le Code pénal que le Code de procédure pénale ont été modifiés pour introduire de nouvelles incriminations, comme l’atteinte à la vie privée, la représentation des personnes par captation d’images ou de sons», explique-t-elle.

Des prérogatives des juges d’instruction et des officiers de police judiciaire ont été  renforcées pour leur permettre de disposer de plus de pouvoirs en matière de collecte  de preuves pour les infractions de cybercriminalité, selon Mme Tall, qui souligne que la création de la Commission des données à caractère personnel et la Division spéciale de la cybercriminalité viennent compléter ce dispositif. Il est temps de former, selon elle, tous les acteurs qui interviennent dans cette prise en charge, les éducateurs spécialisés, pour leur permettre de faire une détection  précoce des signes de vulnérabilité. «Il y a des données de l’Artp qui estiment que plus de 8 millions de Sénégalais utilisent Internet, et que 68% sont des jeunes de moins de 25 ans. Cela montre que les enfants sont tout le temps sur Internet, et les parents, les éducateurs, qui sont chargés de leur prise en charge, ne sont pas souvent outillés pour les accompagner dans cette utilisation», affirme-t-elle.

Cette formation vise à sensibiliser les acteurs-clés de la chaîne pénale sur les abus et exploitations en ligne des enfants. Elle s’inscrit dans une série d’activités similaires tenues dans différentes régions, notamment Thiès, Saint-Louis et Kaolack. L’objectif est de former les magistrats, les officiers de Police judiciaire et les éducateurs spécialisés pour qu’ils puissent prendre en charge efficacement les cas d’exploitation en ligne des enfants et offrir une protection adéquate à ces derniers.
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