Hier dimanche, l’Ong allemande Sea Eye a annoncé la suspension de ses opérations de secours pour les réfugiés qui tentent de traverser en Méditerranée, après l’interdiction de navigation mise en place par la marine libyenne à l’encontre des navires étrangers sur une partie de ses côtes.
Depuis la mise en place de cette zone maritime de recherche et de sauvetage par la Libye, les Ong sont contraintes les unes après les autres de repenser leur présence en méditer­ranée. Médecins sans Frontière a annoncé dès jeudi 10 août, la suspension des activités de Prudence, son plus gros navire, même si l’organisation continue d’assurer la logistique et l’assurance sanitaire sur l’Aquarius – cogéré avec Sos Méditerranée.
L’Ong britannique Save the Children a détourné son principal le lendemain, sans donner d’explications dans l’immédiat et annoncé officiellement son retrait ce dimanche. Seule l’Ong espagnole Proactiva open arms, dont les deux bateaux se trouvaient dimanche à Malte, a assuré vouloir reprendre ses opérations dès ce lundi

«La sécurité n’est plus garantie»
Hans Peter Buschheuer, porte-parole et cofondateur de l’organisation Sea Eye, explique avoir à son tour pris cette décision, «le cœur lourd». L’Ong y a été contrainte car «la sécurité de nos équipes n’est plus garantie en raison des menaces du gouvernement libyen qui dit vouloir étendre la zone qu’il contrôle devant ses côtes sans pour autant en définir les contours». Cette absence de prévision rend le travail des structures d’aide aux migrants en mer «imprévisible».

«Un vide mortel»
Il craint aujourd’hui que, en suspendant leurs opérations de secours, les Ong laissent derrière elles «un vide mortel». «Quand des êtres humains fuient en traversant la mer et qu’ils arrivent à atteindre la haute mer, ils seront désormais perdus parce qu’il n’y aura plus personne pour les secourir», poursuit-il, amer. Une conviction partagée par le directeur des opérations de Save the Children, Rob MacGillivray : «Les embarcations de migrants vont être obligées de retourner en Libye et beaucoup d’enfants et d’adolescents vont mourir en mer.»
Pire, «actuellement les réfugiés sont refoulés par les garde-côtes libyens et par les Italiens -qui leur apportent leur aide avec des fonds européens et donc l’argent des contribuables- vers la Libye. Alors qu’en Libye, entre 300 et 500 000 réfugiés survivent dans des conditions inimaginables», d’après Hans Peter Buschheuer. Il rapporte que «le ministère allemand des Affaires étrangères a même parlé de conditions semblables aux camps de concentration. Des arrestations arbitraires, des prisons illégales, du travail forcé, des femmes qui sont obligées de se prostituer. Des femmes enceintes que nous avons secourues nous ont raconté à mainte reprises que les bébés qu’elles attendaient n’étaient pas de leurs maris mais issus de viols. La situation des droits de l’Homme est catastrophique».
rfi.fr