Pastef – Réconciliation ou fragile compromis au sein du pouvoir : Petits meurtres entre frères !


Après l’annonce de la réconciliation au sein de la majorité, les esprits «patriotiques» sont toujours en surchauffe, avec des doutes qui persistent sur la sincérité de celle-ci. Le communiqué du Bureau politique national de Pastef, qui salue le dégel, n’a pas permis de lever les doutes sur les compromis politiques validés au sein de l’Exécutif, après une crise de plusieurs jours.
Au lendemain de l’audience avec le Président Faye, qui a semblé rapprocher les positions au sein du pouvoir, le Bureau Politique national (Bpn) du parti Pastef-Les Patriotes a publié un communiqué très laconique pour acter le dégel ou la décrispation. Cette fois-ci, le contenu est moins trivial que la dernière fois, quand il fallait commenter la nomination provisoire de Mimi Touré à la tête de la Coalition Diomaye Président, qui a accéléré la crise politique au sommet de l’Etat.
Conduite par son Secrétaire général, Ayib Daffé, la délégation du Bpn a rencontré le président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, au Palais ce mercredi, «dans climat fraternel et constructif», avec des «discussions qui ont porté sur la situation politique actuelle et, plus spécifiquement, sur le renforcement de l’unité du parti et du tandem Diomaye-Sonko». D’après Pastef, cette rencontre est la clé de la «volonté des dirigeants de consolider la dynamique positive issue des élections et de coordonner les actions entre le parti politique et la Présidence». Le Bpn de Pastef assure «qu’il poursuivra la mise en œuvre de son plan d’actions». Défini le samedi 15 novembre 2025 au milieu du tumulte politico-institutionnel au sein de la majorité, il vise à répondre «plus efficacement aux préoccupations, attentes et espoirs des peuples sénégalais et africains».
Est-ce un simple différé des compromis, qui volent déjà en éclats ? Cette mise au point a provoqué une série de réactions dans la «Pasteftosphère» et au sein de certains cercles de Pastef, qui ont du mal à approuver le ton «politiquement correct» du communiqué. Cette précision publique a été précédée du grand déballage du député de Pastef, Cheikh Bara Ndiaye, qui a mis sur la toile en grands caractères les différents… différends. Maire de Golf-Sud et Pca de l’Agence de développement local, Khadija Mahécor Diouf déchire aussi sans ciller le communiqué : «Votre communiqué est un affront. Vide, fade, sans courage, sans responsabilité. Vous appelez cela une position ? C’est une désertion.» Pour elle, il fallait dégager une ligne claire : «A un moment où le pays exige de la clarté, où les Patriotes tiennent la ligne, vous vous réfugiez derrière du vent. Assumez ou retirez-vous. Le parti n’a pas besoin de figurants.» Elle affiche clairement son camp, comme si le temps de la désescalade n’a pas encore sonné : «La loyauté envers Ousmane Sonko, la dignité et la responsabilité face à l’Histoire ne sont pas des options. Elles obligent. Elles engagent. Elles exposent. Vous, vous avez choisi de vous cacher. Le combat continue.» «M. le Président Bassirou Diomaye Faye, il n’est pas trop tard…», ajoute Maïmouna Bousso, députée de Pastef.
Sur les réseaux sociaux où se jaugent les opinions de Pastef, les réjouissances nocturnes de la veille ont été supplantées par des positions conflictuelles assumées. Ces sorties enragent la porte-parole adjointe de Pastef et porte-parole du gouvernement. Elle tente d’étouffer les nouvelles polémiques qui escortent cette réconciliation annoncée. «Les artisans de la division sont en notre sein», alerte Marie Rose Khady Fatou Faye. «J’ai assisté à la réunion du Bureau politique national, où l’ambiance a été plus que cordiale. Des frères et sœurs de parti se sont retrouvés et se sont accordés sur les fondements mêmes de ce dernier, à savoir la fraternité, le don de soi pour la Patrie et l’engagement sans faille pour la réussite du Projet», dit-elle. Mme Faye met en garde contre toute autre lecture biaisée de la réunion : «les manœuvres tendant à semer le doute au sein de l’opinion et cultiver une division ne passeront pas. C’est malhonnête et indigne. J’ai vu pour ma part deux grands hommes conscients des enjeux et résolument engagés à avancer ensemble pour la réussite du Projet», assène-t-elle.
Pour couronner la «réconciliation», Moustapha Guirassy a donné un caractère plus solennel à l’évènement, marqué par le retour aux affaires du Premier ministre, après un break de deux semaines. Il dit : «Aujourd’hui, j’ai vécu l’un des Conseils des ministres les plus inspirants de ma vie publique.» Il ajoute : «Ambiance détendue mais exigeante, portée par un sens de l’humour rare du président de la République et du Premier ministre, mis au service d’une rigueur collective et d’une volonté de mieux faire. Des décisions justes, une énergie positive, et un sentiment profond de servir l’intérêt général avec lucidité et espoir.» Une sortie qui cache sans doute un malaise ?




