Des informations nous sont parvenues de plusieurs sources dignes de foi, indiquant l’existence de réserves au sein de l’entourage du président de la République concernant la candidature de Amadou Lamine Sall au poste de Secrétaire général de la Francophonie. La candidature de l’un des poètes majeurs de l’Afrique actuelle, que le Musée du Louvre à Paris vient de classer parmi les 100 poètes les plus importants du monde, a été portée directement à la respectueuse attention du président de la République, du Premier ministre, du ministre en charge de la Culture. Le candidat a été reçu en audience par la représentante personnelle du président de la République à la Francophonie. Des échanges éclairants, ouverts et fondateurs. Que se passe-t-il alors ?
Le silence particulier et long du président de la République et de son Cabinet crée un climat de perception donnant l’image d’un manque d’alignement interne autour d’un sujet impliquant la Francophonie, un espace où le Sénégal occupe historiquement un rôle majeur et où il est attendu par son apport marquant de toujours. Et il est vrai qu’en l’occurrence, le soutien de l’Etat du Sénégal ne se fait pas sentir. Le sommet francophone qui s’est ouvert le 18 novembre dernier à Kigali, au Rwanda, a-t-il vu la présence et la participation du Sénégal ? On ne sait pas. Si c’est non, pourquoi cette absence alors que c’est là où les pays qui le souhaitent, peuvent commencer à faire valoir leur candidature jusqu’à la clôture des dépôts prévue en avril 2026 ?
Dans un contexte où la Francophonie demeure un vecteur de rayonnement culturel et diplomatique, la manière dont le dossier est perçu compte autant que son contenu. L’enjeu, pour les institutions, est de s’assurer que la communication autour de la candidature de Monsieur Amadou Lamine Sall ne soit ni source de tension ni interprétée comme un signal de division. La réception et l’approbation par le ministre de la Culture du Sénégal qui a publié un communiqué officiel favorable à la candidature de notre compatriote, un acte supposé être entériné hiérarchiquement par le chef du gouvernement, constitue des éléments publics significatifs qu’il convient d’intégrer dans toute mise en récit institutionnelle.

Enjeu stratégique
La figure de Amadou Lamine Sall, associée à la création littéraire africaine et mondiale, ainsi qu’à la permanence de l’esprit francophone sénégalais, renvoie à une dimension fortement symbolique. Une communication maîtrisée permettrait de replacer cette candidature dans une trajectoire plus large : celle du rôle intellectuel du Sénégal dans la Francophonie, de Senghor à aujourd’hui, indépendamment des sensibilités internes qui sont légitimes et respectueuses de la liberté de chacun. L’enjeu stratégique consiste moins à «défendre» ou «contester» la candidature, qu’à clarifier le cadre institutionnel du dossier ; éviter que les réserves évoquées ne créent un narratif externe non contrôlé ; maintenir une image d’unité autour des ambitions culturelles du Sénégal ; prévenir l’impression d’un affaiblissement de l’influence nationale dans les arènes multilatérales.
Une communication efficace gagnerait à articuler trois points, à savoir la légitimité du Sénégal comme acteur fondateur de la Francophonie, la valeur des personnalités culturelles nationales dont la trajectoire met en lumière la vitalité intellectuelle du pays, et le souci de cohérence institutionnelle, au-delà des perceptions internes signalées. Les critères d’éligibilité requis et énumérés en trois points par l’institution francophone, répondent au parcours exceptionnel du fils du Sénégal et de l’Afrique, et le dépassent même. Sauf que l’homme est en dehors de toute sphère d’appartenance politique. Depuis Senghor. Qui dit mieux ? Jamais une candidature n’a été aussi forte, solide, imparable. Les Sénégalais, de tous bords, approuvent la candidature de Amadou Lamine Sall, sans compter les voix majeures de la culture mondiale qui lui apportent leur sympathie et leur admiration. Alors, que se passe-t-il réellement autour du silence assourdissant d’un président de la République dont personne ne peut douter du respect et de la haute considération pour tout ce qui touche la culture, au sens large ? Amadou Lamine Sall est une des grandes voix de la culture sénégalaise, africaine et mondiale. Léopold Sédar Senghor, c’est connu, avait fait de lui son «chouchou». Il le lui a bien rendu. Diomaye c’est Sonko, dit-on ? Eh bien, Senghor c’est Amadou Lamine Sall. Dieu fera le reste.

De la crédibilité du Sénégal
Il nous semble ainsi important de rappeler aux autorités de notre si cher pays, que l’essentiel, pour elles, est de maîtriser la narration publique entourant ce dossier de candidature afin de préserver la cohérence, l’image d’unité et la crédibilité internationale du Sénégal dans un espace où il est historiquement regardé comme une voix forte. La Francophonie a besoin d’un nouveau souffle. Qui donc, mieux que le pays du père fondateur, saurait relever ce défi ?
Monsieur le président de la République, réunissez votre haut cabinet et vos conseillers, décrétez sans plus tarder cette candidature favorable et regardez alors la générosité, la finesse, l’humilité, la compétence, le génie et le talent de votre compatriote, Grand-Croix de l’Ordre du Mérite du Sénégal ; Officier de l’Ordre des Arts et Lettres de la République Française ; membre de la Chaire «Alliance des Civilisations» de l’Université Euromed de Fès, Maroc ; lauréat des Grands Prix de l’Académie française.
Bardé de prestigieux prix littéraires, poète traduit dans plus de 10 langues, inscrit aux programmes de plusieurs universités, fondateur en 1990 de la Biennale internationale de Dakar, loué et reconnu par le monde, jusqu’en Chine récemment. Egalement entré dans le dictionnaire français, voilà cet homme si humble et si émouvant comme poète célébré, comme acteur de toujours de la Francophonie qu’il a servie et connait comme personne d’autre. Intellectuel unanime dont nous vous demandons, de par vos compétences présidentielles et politiques dédiées, d’approuver la candidature pour servir notre pays, le Sénégal, l’Afrique, le monde. Et réconcilier, avec vous, toute la famille francophone.
Les Sénégalais vous le demandent. L’Afrique vous le demande.
Félix NZALE
Journaliste