Quand deux voix tiennent en haleine dix-huit millions d’âmes

Le Sénégal, terre de dialogue et de paix, traverse aujourd’hui une période où l’avenir de dix-huit millions de citoyens semble suspendu aux divergences entre deux hommes : le Président Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko. Cette situation, loin d’être anodine, révèle une tension philosophique profonde : comment une Nation peut-elle rester sereine lorsque son destin collectif dépend des humeurs et des désaccords de quelques individus ?
Le paradoxe du pouvoir partagé
La philosophie politique nous enseigne que le pouvoir est une responsabilité avant d’être une conquête. Or, dans le cas sénégalais, l’alliance entre Diomaye et Sonko, née de l’espoir d’un renouveau, se transforme en un paradoxe :
– Deux voix dominantes : dix-huit millions de citoyens n’écoutent que deux personnes, comme si le reste de la société était réduit au silence.
– Un stress collectif : chaque divergence, chaque parole tranchée devient une onde de choc qui traverse les foyers, les marchés, les universités.
– Un incendie latent : «quand l’incendie se répand, nul ne sait jusqu’où il peut aller», dit la sagesse populaire. Les tensions au sommet peuvent se propager et embraser la cohésion nationale.
La responsabilité philosophique des leaders
Un philosophe comme Platon aurait rappelé que le dirigeant est avant tout un gardien de l’harmonie. Rousseau aurait insisté sur le fait que la volonté générale ne doit pas être confisquée par des querelles personnelles. Dans le cas présent, Sonko et Diomaye sont appelés à dépasser leurs divergences pour incarner la responsabilité collective.
Car le pouvoir, lorsqu’il se transforme en lutte d’ego, devient une source de désordre. Et le désordre, lorsqu’il s’installe, engendre la peur, la méfiance et la division.
Le Peuple comme victime silencieuse
La philosophie morale nous rappelle que le Peuple est souvent le spectateur impuissant des luttes de pouvoir. Mais ce spectateur paie le prix fort :
– Stress et incertitude quant à l’avenir.
– Perte de confiance dans les institutions.
– Risque de voir la cohésion sociale se fissurer.
Le Peuple sénégalais, qui a déjà montré sa maturité en préservant la paix lors de l’alternance de 2024, mérite mieux que d’être pris en otage par des divergences personnelles.
Vers une sagesse collective
La solution ne réside pas seulement dans la réconciliation des deux leaders. Elle réside aussi dans la maturation citoyenne : – Refuser de se laisser diviser par des querelles politiques.
– Exiger des dirigeants qu’ils placent l’intérêt général au-dessus des intérêts partisans.
– Cultiver la gratitude pour la paix et la stabilité, tout en restant vigilants face aux menaces de division.
Le Sénégal est à la croisée des chemins. Deux voix puissantes tiennent en haleine dix-huit millions d’âmes. Mais l’histoire nous enseigne que les nations ne survivent pas grâce aux querelles de leurs dirigeants, mais grâce à la sagesse de leurs peuples.
Le philosophe qui possède la capacité de discernement raisonné dira : «La grandeur d’une Nation ne se mesure pas à la force de ses leaders, mais à la capacité de son Peuple à préserver la paix malgré les divergences.»
Diama BADIANE
Philosophe, sociologue
awayacinebadiane7@gmail.com

