M. Somesh Adukia, Directeur Général de Canon Central and North Africa, a effectué une visite officielle au Sénégal du 11 au 14 novembre 2025. Cela fait 10 ans que la compagnie est présente dans cette partie du continent. Dans cet entretien, il explique les enjeux liés à son séjour dakarois, la montée en puissance de la structure sur le marché sénégalais.

Pouvez-vous nous dire les raisons de votre visite au Sénégal ?
Le Sénégal est un marché très important pour nous, dans notre stratégie de développement futur. C’est le 10e anniversaire de Canon Central and North Africa. Pendant ces 10 ans, nous avons évolué assez rapidement dans les pays africains. Notre croissance a été de plus de 15%. Ce qui est phénoménal, en considérant les différents défis. Mais notre ambition pour une meilleure croissance n’a pas diminué. Nous voulons continuer en la doublant aussi dans les cinq prochaines années. Dans cette perspective, nous avons identifié les marchés où l’environnement économique est stable. Et parmi ces pays, nous avons identifié le Sénégal, car c’est un pays d’un point de vue économique stable. La croissance économique est prometteuse. Cela me donne beaucoup de confiance pour investir dans ce pays, dans ce marché, qui a un potentiel dans les ressources humaines. Il y a le marketing, l’ouverture de services, ou même des activités de responsabilité sociale.

Comment a été le succès de Canon, en collaboration avec les vendeurs locaux, les revendeurs et l’Institut Ahaz ?
Cela a été un très grand succès. Aujourd’hui, Canon a une part de marché de plus de 50% au Sénégal. En ce qui concerne les matériels, nous sommes clairement les leaders du marché. Il n’y a pas d’autre marque qui est au-delà de Canon en ce qui concerne les produits B2B. Je donnerais beaucoup de crédit à nos distributeurs, nos partenaires de chaîne, nos vendeurs et nos revendeurs, pour leur confiance dans notre direction, dans nos stratégies, pour prendre les bonnes décisions. Ce n’est pas facile de soutenir une marque qui est arrivée il y a 10 ans. Et je crois que l’ouverture, la transparence, l’honnêteté et la confiance mutuelle sont les clés pour le succès de Canon.

Qu’est-ce que le Sénégal peut tirer exactement de cette collaboration ?
On va faire plus d’investissements dans le pays, ce qui va profiter aux populations. L’année dernière, on a engagé une personne ressource locale. Il est Sénégalais. Avant, le Sénégal était couvert par le marché de la Côte d’Ivoire. On planifie d’avoir plus de gens au Sénégal dans le futur. Et cette visite me donne la confiance que cet investissement a été un succès, mais ce n’était pas assez. Et on doit investir plus dans les ressources humaines. Cela va générer plus d’opportunités d’emplois. Hier (le 13 novembre), j’étais à l’école Sup’Imax où on a ouvert notre Académie Canon, qui «nourrit» les jeunes photographes, les créateurs de contenu du futur. Elle leur donne des conseils en matière de photographie, de vidéographie, d’équipements Canon, pour qu’ils puissent essayer de trouver la différence entre filmer leur contenu avec un téléphone mobile et une caméra Canon. Ensuite, on présente leur travail sur les plateformes régionales ou internationales avec le soutien de Canon.

Si Canon décide d’entrer dans un pays, cela va générer beaucoup d’opportunités en matière d’emplois, de business, de soutien aux jeunes. Parce que nous ne viendrons pas seulement faire du business. Notre philosophie, comme Canon est Japonaise, est de vivre et travailler ensemble pour le bien commun. En termes simples, où que nous fassions du business, nous voulons contribuer au développement et à l’amélioration de la société. En plus de Canon Academy, il y a Countain Creators. J’ai vu beaucoup de potentiel au Sénégal en matière de petites et moyennes entreprises. Et j’ai eu la chance de rencontrer deux ou trois de ces entreprises. C’était très inspirant de voir comment elles ont commencé. Certaines ont commencé il y a 15 ans, d’autres 20, en tant que petite entreprise. Et aujourd’hui, elles sont devenues une grande organisation. Donc, partager avec une telle organisation, leur offrir nos produits et nos solutions qui peuvent apporter plus d’efficacité dans leurs opérations, c’est un autre aspect que nous regardons.

Comme je l’ai mentionné, il y a un grand espace pour le développement du business… Tout cela va bénéficier aux locaux et à la communauté de business du Sénégal. Et nous sommes très heureux d’être en partenariat pour la transformation du Sénégal. Canon, avec sa solution excellente et son matériel, avec ses scanners d’imagerie, nous pouvons partager dans cette transition vers la digitalisation du pays et des grandes entreprises. Je dirais qu’il y a un grand bénéfice non seulement pour les businessmen du Sénégal, mais aussi pour Canon dans cette voie.

Comment peut-on approcher Canon de la coopération, de la responsabilité sociale et de l’engagement commun ?
Notre philosophie est de contribuer à l’amélioration de la société. Mais la différence entre Canon et l’industrie, c’est que nous voulons être constants dans ce que nous faisons. Nous ne voulons pas faire du bruit et ensuite disparaître. Nous voulons faire quelque chose de consistant et à long terme. En Afrique, par exemple, dans de nombreux pays, nous organisons un programme appelé Miraisha. Miraisha, qui est dérivé de deux noms : Mirai en japonais et Maisha en suédois.

Qu’est-ce que cela signifie ?
Mirai signifie futur et Maisha vie. Nous voulons générer des opportunités de vie pour les gens en Afrique. Comme je l’ai dit, nous ne voulons pas faire des dons ici et là, faire un grand article sur les réseaux sociaux et ensuite disparaître.

Nous pensons que l’un des grands problèmes en Afrique est l’emploi. Comment pouvons-nous, dans notre capacité, essayer de réduire ce mal ?
Avec nos investissements, nous travaillons avec les gens pour créer de l’emploi. Aujourd’hui, nous sommes ici parce que Canon est intéressée par le Sénégal. C’est encore une fois une opportunité d’emplois. Mais dans ce programme, nous essayons de toucher des jeunes des communautés marginalisées qui n’ont pas accès à la modernité, qui n’ont même pas accès aux nécessités fondamentales de la vie.

Notre équipe s’est intégrée dans ces communautés et a commencé à les initier à la photographie et à la vidéographie. Je suis heureux de dire que depuis les 10 dernières années, nous avons formé plus de 7500 personnes à l’échelle africaine sous le programme Miraisha. Dans les prochaines années, ce nombre devrait augmenter à plus de 10 000. Nous avons aussi un autre programme appelé programme des jeunes. Nous essayons de leur donner une formation en photographie et en vidéographie.

Qu’est-ce qui rend intéressante votre histoire dans l’exercice du journalisme ?
C’est l’art de l’histoire. Autrement, les gens vont lire une ou deux lignes ou regarder une ou deux scènes, et changer de chaîne ou changer de page. Mais, l’art de l’histoire est important. Avec ce programme des jeunes, pour ces jeunes, pour ces adolescents, nous ne leur apprenons pas seulement à imaginer, mais aussi comment créer une histoire grâce à ces images. Dans le futur, ils pourront développer leur carrière dans le journalisme, la communication massive ou la création de contenu. Si je parle du marché sénégalais, c’est que j’ai vu une grande émergence de créateurs de contenu. J’étais heureux de rencontrer 30 créateurs de contenu à Sup’Imax. Nous avons décidé d’encourager ces créateurs car ils ont beaucoup d’enthousiasme, mais ils manquent de connaissances, d’infrastructures.

Ils utilisent toujours les téléphones et les Ipad. Dans la création de contenu, votre public a besoin d’un outil plus moderne. Nous avons donc décidé de soutenir ces créateurs de contenu.
Nous sommes en train de planifier les Jeux Olympiques de la Jeunesse (Joj) qui se déroulent au Sénégal en novembre prochain. Nous avons discuté de la collaboration car ils développent un grand studio et il faut que les compétitions soient retransmises avec une bonne qualité. Nous discutons aussi de l’équipement. Encore une fois, en lien avec nos responsabilités sociales, nous voulons voir comment nous pouvons fournir des caméras gratuites à tous les photographes qui viendront de partout au Sénégal pour couvrir les Joj, comment nous pouvons offrir des formations à l’équipe de la Rts.

Quel est l’engagement de Canon pour soutenir les photographes aspirants au Sénégal ? 
C’est de leur donner de meilleures connaissances, de bonnes infrastructures, une plateforme où ils peuvent présenter leur travail. Canon, avec ses événements régionaux et ses participations, peut offrir ses plateformes internationales et régionales à ces photographes aspirants. En fait, il y a cinq ans, le formateur de Canon était quelqu’un de la Côte d’Ivoire qui venait ici de temps en temps ou donnait des formations en ligne. Mais je suis très heureux de dire qu’aujourd’hui, notre formateur est sénégalais. Il est basé au Sénégal et il peut offrir des formations tous les jours, parce qu’il n’a pas besoin de voyager ou de dépenser de l’argent.

J’ai assisté à une compétition sur My Dakar. On a demandé à ces créateurs de contenu de créer un contenu sur My Dakar, on a exploré la ville et on a reçu les trois meilleurs créateurs, qui utilisaient nos caméras. Et l’un d’entre eux faisait office de juge dans le jury. Il y a beaucoup d’exemples comme ça. Certains d’entre eux ont rejoint Canon en tant qu’agents de compte clés. Certains sont devenus des influenceurs de Canon. Donc je dirais que mon message à tous les photographes, c’est d’avoir beaucoup de confiance en ce pays, en ce marché. Cela a été très enrichissant de visiter le Sénégal après une absence de 7 ans. Et beaucoup a changé pour le bien, en commençant par l’aéroport. J’aime cette énergie que je vois dans ce pays.