Le renforcement de l’autorité du président de la République et le repli stratégique du Premier ministre


Quelle que soit la force politique de Ousmane Sonko, c’est le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, qui est investi du pouvoir de président de la République. Et là nous sommes en face de la vraie réalité du pouvoir. Pour mieux contrôler le jeu politique, à partir de la présidence de la République, le Président Diomaye Faye veut être plus présent sur la scène politique. Et là, il touche à un point très sensible, qui fait la force de Ousmane Sonko, la politique.
Tous ceux qui parlent le langage de la politique, et je ne m’adresse pas à ceux qui sont dans les réactions émotionnelles primaires, l’activisme écervelé ou la partisanerie à outrance, savent qu’entre le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, et son Premier ministre, Ousmane Sonko, les carottes sont cuites. Et cette retrouvaille de façade ne pourra durer qu’un laps de temps, tellement le sillon qui sépare les deux personnalités politiques est énorme. La scène à laquelle nous sommes en train d’assister au sommet de l’Etat ressemble à une grande farce ! Et on semble être sur une route qui ne mène nulle part !
La fracture est toujours ouverte, et la nouveauté dans tout cela, c’est le renforcement de l’autorité du président de la République, et le repli stratégique de son Premier ministre. Nous sommes pratiquement au dernier tournant de la rupture ou c’est le début de la fin d’un compagnonnage qui était parti sur les chapeaux de roue.
Ousmane Sonko semblait être au pied du mur, et le choix qui s’imposait à lui était alors de partir, ou de se ranger derrière le président de la République.
Mais en politique, toute demi-mesure est une contre-mesure !
On va assister à un équilibre de la terreur, et il faudra s’attendre à un conflit larvé entre les membres de la Coalition Diomaye Président qui s’éloignent de plus en plus de Pastef, et les partisans de Ousmane Sonko qui commencent à fuir ces derniers comme la peste.
Désormais, la bataille n’est plus entre l’opposition et le pouvoir, mais au sein de Pastef, où les deux camps vont s’affronter ouvertement, sans prendre de gants.
Au-delà des égos et des ambitions personnelles, les relations conflictuelles sont le plus souvent le fruit d’un manque de sincérité. Et la science n’a pas encore créé un appareil pour quantifier la sincérité d’un humain ! La politique n’est certes pas une science exacte, mais sa bonne compréhension nécessite de la froideur, de la distance critique et de la rigueur. L’espoir ne prend fin qu’en enfer, et tous ceux qui continuent de croire que le duo Diomaye Faye-Ousmane Sonko va résister à la tempête sont encore dans les nuages.
Il faut également accepter que le Peuple de Pastef n’a pas rendu service à son leader Ousmane Sonko, qu’il a pris pour un gourou ou un messie !
Le Bureau politique de Pastef, qui est parti rencontrer le Président, devait pourtant donner l’alerte depuis très longtemps. Mais ils ont laissé faire, pensant que le Président allait céder à la pression des militants de Pastef. C’était une grave erreur ! C’est le cas également pour le journal Yoor Yoor. Et si je cite ce journal, c’est à cause de l’exemplarité dont il avait fait montre, lorsque Pastef était dans l’opposition. Mais lorsque ce parti est arrivé au pouvoir, ce journal a perdu son sens critique, pour ne pas dire qu’il est devenu une caisse de résonnance du parti au pouvoir. Les journalistes de Yoor Yoor ne savent pas combien ils desservent le parti, son leader Ousmane Sonko, ainsi que le président de la République, en étant complice avec le régime en place.
Un homme politique qui a de l’ambition pour son pays n-a-t-il pas plus besoin de critiques avisées que d’admirateurs et de fanfarons ?
Enfin, pour tous ceux qui pensent que Ousmane Sonko est un élu de Dieu, et qu’il est venu en sauveur ou missionnaire, qu’ils sachent que le messianisme est mort et bien mort !
Babacar Papis SAMBA
La Pensée complexe

