Mbour – Gouvernance foncière en débat Le Sénégal, la Sierra Leone et la Colombie partagent leurs expériences


La gestion équitable et participative du foncier est un débat qui ne cesse jamais. Une rencontre, organisée par la Fao, a réuni des représentants du Sénégal, de la Sierra Leone et de la Colombie pour un partage d’expériences sur le rôle et l’efficacité des plateformes multi-acteurs dans la gouvernance foncière.
Par Alioune Badara CISS – La gestion équitable et participative de la terre était au cœur des discussions lors de l’ouverture d’une rencontre internationale tenue à Saly, organisée par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (Fao). Cet atelier de partage a réuni des représentants du Sénégal, de la Sierra Leone et de la Colombie pour un partage d’expériences sur le rôle et l’efficacité des plateformes multi-acteurs dans la gouvernance foncière. D’ailleurs, Francis Carmant, spécialiste des questions foncières à la Fao au siège de Rome, a expliqué l’objectif de cette rencontre. «C’est une rencontre à laquelle on a invité trois pays, le Sénégal, la Sierra Leone et la Colombie, pour faire un partage d’expériences sur les plateformes multi-acteurs qui ont été soutenues par la Fao et les gouvernements pour la gestion équitable de la terre et du foncier», a-t-il souligné.
Ainsi, la Fao a choisi ces trois nations car ce sont celles où l’organisation a observé un «meilleur succès» dans la mise en œuvre de ces plateformes, malgré des contextes très différents. «Même si les contextes sont différents, la fonction des plateformes est toujours la même, c’est-à-dire faciliter le dialogue entre les différentes parties prenantes», a précisé M. Carmant. A l’en croire, le Sénégal est mis en avant pour sa structure de plateformes très bien organisée aux niveaux national et local. Tandis que la Sierra Leone est remarquée pour l’adoption d’une loi foncière très progressiste et l’avancement de ses réformes politiques. Alors que la Colombie apporte une perspective unique, notamment sur les questions liées aux peuples autochtones et aux réformes foncières. C’est pourquoi il a indiqué que la Fao contribue principalement «en matière de politique foncière et d’étude de cas de différents pays» dans l’espoir que ces échanges «peuvent enrichir la compréhension des défis, mais aussi des solutions qu’on peut apporter».
Considéré comme modèle de dialogue foncier, Tanor Maïssa Dieng, Conseiller technique au ministère de l’Agriculture, de la souveraineté alimentaire et de l’élevage, et président de la Plateforme nationale sur la gouvernance foncière au Sénégal, qui a présidé la cérémonie d’ouverture de cet atelier au nom du ministre Mabouba Diagne, a souligné le rôle essentiel de cette structure dans le dialogue foncier national. «La plateforme devra partager toutes les expériences qu’elle a eu à développer au niveau national, mais également au niveau des différentes régions, donc au niveau local», a déclaré M. Dieng. Il a profité aussi de cette tribune pour dresser un bilan positif de la situation sénégalaise. «Aujourd’hui, au Sénégal, la gouvernance foncière se porte très bien, malgré les quelques difficultés que l’on peut noter par-ci, par-là, mais qui sont toujours résolues grâce à des dialogues entre les acteurs», dit-il. Il a également rappelé le rôle du cadre juridique et réglementaire sénégalais, notamment la loi de 1964 sur le domaine national et les réformes ultérieures.
Malgré les avancées, des défis subsistent, notamment pour assurer un accès équitable à la terre. M. Carmant a identifié plusieurs enjeux communs, particulièrement entre le Sénégal et la Sierra Leone.
«L’accès à la terre des femmes et des jeunes, qui est un défi commun ; la connaissance des lois et des politiques foncières, car les lois ne sont pas forcément connues de tout le monde ; la capacitation et l’implémentation des lois, avec la mise en œuvre des très bonnes lois existantes, restent des défis», a-t-il énuméré.
Tanor Maïssa Dieng a insisté sur la nécessité de s’attaquer à la question des groupes vulnérables. «Nous pensons aux femmes. Mais il y a aussi les jeunes, les personnes à mobilité réduite ou handicapées, qui ont également droit au foncier», note M. Dieng. Le président de la plateforme a également mentionné l’utilisation par le gouvernement sénégalais d’outils de haute qualité tels que les Plans d’occupation et d’affectation des sols (Poas), pour mieux gérer l’usage des terres au sein des communes.
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