Questions d’actualité le vendredi : L’opposition boycotte Sonko

L’opposition parlementaire incarnée par Takku-Wallu et des non-inscrits a décidé de boycotter le Premier ministre une deuxième fois de suite, après le 14 avril dernier. Attendu demain devant les députés dans le cadre de l’exercice de Questions d’actualité, Ousmane Sonko va se retrouver seul devant les députés de Pastef.
Par Bocar SAKHO – Ousmane Sonko sera seul demain face à ses députés, lors de la plénière consacrée aux Questions d’actualité. Car le Premier ministre sera boycotté par l’opposition parlementaire, à savoir le groupe Takku-Wallu et des non-inscrits, à l’exception de Cheikh Tidiane Youm du Pur. Cette fois-ci, les députés sans appartenance sont à l’origine de cette «fronde» contre Sonko. Puis, ils ont été suivis par le groupe majoritaire de l’opposition, qui avait parrainé le boycott du 14 avril dernier, lors du dernier passage du chef du gouvernement à l’Assemblée.
Pourquoi une telle décision dans un contexte de crise politico-institutionnelle au sommet de l’Etat ? D’après un interlocuteur, l’opposition ne veut pas «servir de valoir-faire» au Premier ministre pour «effectuer son show politique» à la suite de son Tera meeting du 8 novembre. Il y a aussi l’absence «injustifiée» du Premier ministre à l’Assemblée depuis 7 mois. Après la réforme du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale, il doit être devant les députés à chaque trimestre dans le cadre de cet exercice de contrôle de l’action gouvernementale. Il y a quelques mois, elle fustigeait le souhait du Premier ministre de «venir quand bon lui semble à l’Assemblée». «Lorsque le Premier ministre fixe sa date et selon son propre bon vouloir, c’est pour se livrer à un exercice qui relève beaucoup plus d’un meeting politique que d’une séance normale et républicaine de réponses à des questions sur lesquelles il est attendu par le Peuple. En effet, les députés constatent avec amertume que le Premier ministre ne vient à l’Assemblée nationale que selon sa propre actualité : sortie du rapport de la Cour des comptes en février et vote de la loi dite interprétative en avril. De surcroît, en lieu et place des réponses attendues, le Premier ministre se livre à une véritable séance d’invectives, d’injures et de menaces des députés sans que ces derniers n’aient la possibilité de lui répondre, puisque la réglementation ne leur donne plus droit à la parole après leurs questions», avait affirmé Thierno Alassane Sall.
Aujourd’hui, l’opposition a décidé de laisser le champ libre au Premier ministre de dérouler son «récit» devant «ses» députés. Avec cette décision radicale, les élus de Takku-Wallu et des non-inscrits montrent que les liens avec le chef du gouvernement sont disloqués totalement.
S’ils ont existé un jour ? Le 14 avril, ils avaient opté pour le boycott en mettant sur la table des explications comme le fonctionnement de l’Assemblée sous El Malick Ndiaye. L’opposition parlementaire avait dénoncé «une soumission encore plus grande à l’Exécutif qui s’est illustrée par les sessions de Questions d’actualité» et l’attitude du Premier ministre. «Les passages du Premier ministre, loin d’être de grands moments d’échange d’idées contre idées, se transforment en des joutes d’attaques crypto-personnelles, de procès de députés rendus d’autant plus déséquilibrés que la majorité aménage à l’Exécutif un temps de parole double de celui des députés, et supprime pour ces derniers le deuxième double de parole traditionnelle», avait dit Thierno Alassane Sall. Et Aïssata Tall Sall affirmait que ce boycott n’est qu’un avertissement. Et l’escalade continue ?
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