Pour réduire les coûts de production des unités de décorticage du riz paddy, le projet BioStar a utilisé avec succès la balle de riz comme source d’énergie.

Par Cheikh NDIONGUE – Pour faire face aux importants défis énergétiques auxquels les rizières de la vallée du fleuve Sénégal sont confrontées et ainsi réduire les coûts des opérations de décorticage du riz paddy, très consommateur d’électricité et dans un contexte marqué par la dépendance aux énergies fossiles importées, des  coûts de production élevés et des difficultés liées aux problématiques de délestage du réseau électrique, le projet BioStar a installé une centrale biomasse sur le site de la Pme Db foods, situé à Thilène, dans la commune de Ross Béthio (région de Saint-Louis). Cette nouvelle centrale, qui va considérablement renforcer l’autonomie énergétique des entreprises agroalimentaires de la zone, marque un tournant décisif vers une utilisation plus importante des énergies renouvelables. D’une puissance nette de 85 kW d’électricité, la centrale, qui dispose d’une ligne de transformation de 2 tonnes de riz paddy par heure, consomme 250 kg de balles de riz par heure. Le procédé, installé en décembre 2024, repose sur la conversion, par gazéification, de la balle de riz, résidu issu du décorticage du riz paddy, pour produire de l’électricité renouvelable afin de faire fonctionner les industries rizicoles. Par la même occasion,  un sous-produit, qui est le charbon de la balle de riz (biochar), est produit et participe à l’amendement des sols, offrant aux rizeries de nouvelles perspectives de diversification économique.

Une production de 80 à 100 kg de biochar par heure a été estimée
Ce dispositif permet la réduction des coûts énergétiques de 80 à 95%. A noter que les acteurs parlent de 20% de la production affectés aux charges liées à l’énergie dont le deuxième poste de dépense des Pme. Selon le directeur de Db Foods, Momar Ba, cela permettra de renforcer la compétitivité de la filière riz local et éventuellement d’injecter de l’énergie dans le réseau de la Senelec, et d’offrir à des producteurs ou des commerçants la possibilité de venir transformer leur riz au sein de l’usine, mais également d’offrir des prestations de service de moisson et de décorticage. Il ajoute qu’aujourd’hui, le fait de pouvoir réduire la facture énergétique nous permet de réduire la facture pour les clients que sont les producteurs et commerçants, et au bénéfice des clients et consommateurs sénégalais.
Le projet Biostar vise, selon ses promoteurs, la promotion du développement des bioénergies au sein des services des petites et moyennes entreprises de transformation agroalimentaire en Afrique de l’Ouest, l’énergie étant souvent un des premiers postes financiers des Pme qui ont du mal à la sécuriser du fait des problèmes de délestage. Et donc les objectifs du projet Biostar, c’est de promouvoir des solutions bioénergies qui permettent de valoriser les résidus des unités de transformation agroalimentaire pour les rendre autonomes d’un point de vue énergétique, explique Joël Blin, son coordonnateur. Le programme intervient dans cinq filières dont l’anacarde, l’arachide, la mangue et le riz, avec une vingtaine de Pme-pilotes. «Toutes ces filières ont besoin d’énergie pour transformer le produit agricole en produits alimentaires, ce qui justifie la valorisation des résidus pour faire de l’énergie», a ajouté le coordonnateur. Selon les initiateurs, cette disposition neutre en termes d’émission de gaz à effet de serre permet aussi d’apporter une solution bioénergie renouvelable.
cndiongue@lequotidien.sn