L’ancien Président de la Guinée-Bissau, Umaro Sissoco Embaló, renversé par un coup d’Etat militaire le 26 novembre 2025, a quitté le Sénégal pour se rendre au Congo, à Brazzaville. Arrivé à Dakar le 27 novembre après avoir été exfiltré de Bissau, son séjour sur le territoire sénégalais n’a duré qu’une brève journée et demie. Ce transfert rapide vers l’Afrique centrale est un épisode-clé des recompositions diplomatiques post-coup d’Etat et des tensions politiques régionales.

Après une halte de 24h à Dakar, le Président bissau-guinéen renversé, Umaro Sissoco Embaló, est arrivé au Congo dans la nuit ce samedi. Il avait été exfiltré à Dakar après avoir été renversé au lendemain de la Présidentielle, à l’initiative de ses pairs des pays membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest. Il y a une question : pourquoi ce séjour express ? On a appris que Brazzaville a été toujours sa destination finale, même s’il a une maison à Dakar. Mais ses relations amicales avec le Président Sassou ont aussi pesé dans la balance.
A l’Assemblée nationale samedi, Cheikh Niang, ministre de l’Intégration africaine, des affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur, qui défendait le projet de budget 2026 de son département -arrêté à un peu plus de 65 milliards de F Cfa-, n’a pas pu apporter davantage d’éclaircissements sur ce putsch qui suscite de nombreux commentaires, notamment sur sa fiabilité après la composition du gouvernement de Transition où figurent des anciens pontes du régime de M. Embaló. «Nous avons fait face à une situation extrêmement difficile avec l’interruption du processus électoral», avait-il admis.
Il avait rappelé que la Cedeao s’était réunie pour exiger le retour à l’ordre constitutionnel et la sécurisation des acquis. Mais, il n’a pas pu développer à cause de l’épuisement du temps de parole par respect au Règlement intérieur de l’Assemblée nationale, qui interdit aux députés d’aller au-delà de minuit.
Pour le Sénégal, en tant qu’acteur de premier plan dans la médiation de la Cedeao et voisin direct, le maintien de M. Embaló sur son sol pouvait être interprété comme un soutien trop marqué à l’une des parties, compliquant sa mission de neutralité et d’apaisement.
L’éloignement géographique visait à dédramatiser la situation régionale. En vérité, la présence de Embaló était un fardeau politique pour le Sénégal, après que Premier ministre avait clairement dénoncé le coup d’Etat comme une «combine» visant à masquer une défaite électorale. Cette position critique entrait en conflit avec l’obligation de neutralité requise pour un Etat médiateur hébergeant un chef d’Etat déchu. En transférant Embaló hors de l’espace Cedeao immédiat, Dakar cherche à éviter la crise de la proximité frontalière, se concentrant sur le rétablissement de l’ordre constitutionnel et non sur la défense personnelle de l’ancien Président. Le Sénégal peut ainsi continuer sa médiation sans être accusé de partialité.
L’arrivée de Umaro Sissoco Embaló à Brazzaville s’est faite à bord d’un avion affrété par la Présidence congolaise. L’accueil a été justifié par le Président Denis Sassou N’Guesso (qui a déjà entretenu des relations privilégiées avec M. Embaló) par des motifs humanitaires et dans un souci d’apaisement de la situation en Guinée-Bissau. Brazzaville offre ainsi un refuge sûr, loin de la zone d’influence directe de la Cedeao.
bsakho@lequotidien.sn