Rebasing du Pib par l’Ansd : Il n’y avait pas de quoi fouetter un chat sur la dette publique du Sénégal


Le rebasing du Pib pour 2021, alors que 2014 était l’année de référence pour la détermination de l’agrégat macro-économique, montre à quel point les ratios de la dette publique et du déficit budgétaire ne reflétaient pas la réalité tangible en temps réel (132% pour la dette et 13% pour le déficit). Ces ratios qui nous ont valu plusieurs dégradations de la note souveraine du Sénégal étaient surévalués avec l’année de référence 2014, alors que nous nous trouvons en 2025, soit un écart de plus d’une décennie. La croissance économique s’est accrue entre 2014 et 2021 de plus 2000 milliards de F Cfa environ, passant de 15 000 milliards à 17 000 milliards, et de plus de 23 000 milliards en 2025 avec la survenue des revenus tirés des hydrocarbures. C’est dire en substance que les argentiers de l’ancien régime avaient intégré dans leur planification stratégique la perspective d’être en phase avec le réel, en considérant de tout temps, la soutenabilité de la dette publique sénégalaise avec la progression annuelle du Pib qui est une approche dynamique des choses par rapport à l’approche statique entre les périodes.
L’approche dynamique des évolutions statistiques est plus conforme à la réalité par rapport à l’approche statique compte tenu de la variation constante des grandeurs. Une bonne partie de la soi-disant dette cachée vient du différentiel entre les approches dynamiques et les approches statiques, c’est-à-dire de la prise ou non en compte des évolutions des agrégats en temps réel, notamment du Pib qui est la grandeur principale sur laquelle les calculs des rations sont réalisés..
C’est dire aujourd’hui que le rebasing du Pib rapporté pour 2025, c’est-à-dire en temps réel, devrait actualiser celui-ci à 23 000 milliards de F Cfa environ avec la prise en compte des revenus tirés des hydrocarbures qui ramènerait la dette publique du Sénégal à moins de 70% du Pib. Cette actualisation du Pib pour 2025 est d’une impérieuse nécessite aujourd’hui, car les importants revenus ajoutés tirés des hydrocarbures ont sensiblement modifié la structuration de l’économie sénégalaise au point qu’elle puisse atteindre une croissance à deux chiffres prévue pour 2026. Dès lors, la soutenabilité de la dette publique sénégalaise n’a jamais été une problématique, il s’agissait simplement de faire des projections sur la base d’actualisation constante des agrégats macroéconomiques , tout en tenant compte pour 2025 de la modification substantielle de la structure de l’économie sénégalaise avec l’exploitation des hydrocarbures qui n’existait pas auparavant. Il n’y avait pas de quoi s’alarmer outre mesure sur l’endettement du Sénégal, car conduire des politiques économiques, c’est prévoir et anticiper ; c’est ce que les anciens argentiers du régime précédent avaient compris pour profiter des opportunités qui s’offrent à l’économie sénégalaise par une approche méthodologique dynamique des considérants statistiques au moyen d’un ajustement en temps réel..
A partir de ce moment, la revue à la baisse sensible des ratios du Sénégal sur la dette avec le rebasing du Pib opéré par l’Ansd, montre à quel point les argentiers du nouveau régime n’avaient pas du tout raison de s’alarmer en évoquant la falsification des chiffres sur la dette publique, tout était question d’année de référence et de doctrine économique. Ce tintamarre soulevé sur la falsification des chiffres a généré l’affolement des marchés financiers qui est une auto-flagellation qui n’en valait pas la peine et qui nous a coûté beaucoup d’argent et d’énergie avec les nombreuses dégradations de la notation du Sénégal.
Aujourd’hui, les comptes du Sénégal sont au vert avec le niveau réel du Pib actualisé pour l’année 2025 par l’intégration des importants revenus ajoutés tirés des hydrocarbures.
Kadialy GASSAMA
Economiste
Rue Faidherbe X Pierre Verger
Rufisque

