Enquête – Financement des secteurs agricole, pastoral et halieutique : Les entraves des Imf mises en lumière


A travers une enquête menée par la Direction de la réglementation et de la supervision des Systèmes financiers décentralisés (Drs/Sfd), les Institutions de microfinance (Imf) mettent en lumière les difficultés auxquelles elles sont confrontées pour financer les secteurs de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche.
Par Dialigué FAYE – Les Institutions de microfinance sont souvent perçues comme des «acteurs-clés pour pallier les défaillances du système bancaire traditionnel et offrent des services financiers aux petits producteurs agricoles, éleveurs et pêcheurs». Les Imf sont donc considérées comme «des catalyseurs du développement rural, en particulier dans des contextes où l’accès aux crédits formels est difficile pour les acteurs les plus vulnérables».
Cependant, malgré leur potentiel, plusieurs questions subsistent quant à l’efficacité réelle de ces institutions dans le financement des secteurs de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche.
C’est dans ce contexte que la Direction de la réglementation et de la supervision des Systèmes financiers décentralisés (Drs-Sfd) s’est proposée de réaliser une étude dont l’objectif est de mieux cerner la portée des interventions financières des Imf dans les secteurs agricole, pastoral et halieutique.
Les résultats de ladite étude montrent que «malgré leur engagement en faveur des secteurs stratégiques de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche, les Imf sont confrontées à plusieurs défis qui entravent leur capacité à réponde efficacement aux besoins des acteurs économiques».
Au niveau du secteur agricole, note la Drs-Sfd, «plusieurs obstacles limitent l’accès aux crédits et compromettent la rentabilité des financements octroyés. Les principales difficultés révélées par l’enquête sont les phénomènes climatiques, tels que le changement climatique et le déficit pluviométrique. Ces aléas entraineraient des pertes de récoltes et retarderaient le remboursement des crédits, voire leur non-paiement».
Cette contrainte citée par 27, 7% des Imf interrogées illustre, selon ce démembrement du ministère des Finances et du budget, «la vulnérabilité du secteur agricole face aux conditions météorologiques et la nécessité de mise en place de mécanismes d’atténuation des risques, tels que l’assurance agricole. En outre, 21, 4% des Imf ont déclaré faire face à des limitations dans leurs capacités financières, les empêchant de répondre efficacement à la demande croissante de financement agricole. Cette contrainte freinerait l’expansion du crédit agricole et limiterait l’investissement dans le secteur.
Aussi le manque de structuration des agriculteurs et les problèmes de garanties des demandeurs ont-ils été évoqués par respectivement 14, 3% et 13, 4% des Imf comme obstacles pour servir le secteur».
93 milliards 228 millions décaissés en 2023
Pour l’élevage, mentionne le rapport d’enquête, «l’insuffisance de ressources financières pour satisfaire la demande de crédits a été évoquée par 30% des Imf comme contrainte majeure. Cette contrainte limite essentiellement le développement des éleveurs, notamment ceux qui souhaitaient investir dans l’amélioration de leur cheptel ou moderniser leurs infrastructures. De plus, les déplacements fréquents des éleveurs et l’insécurité dans certaines zones, principalement les vols de bétail, ont été également cités respectivement par 21,1% et 16,7% des Imf comme contraintes pour l’octroi de crédits aux éleveurs».
Il est précisé que «la mobilité des éleveurs souvent dictée par la recherche de pâturages et de points d’eau est également pour les Imf un problème majeur pour le suivi des crédits et le recouvrement des prêts.
L’insécurité représenterait un risque significatif pour les Imf ainsi que la perte d’animaux qui réduirait la capacité de remboursement des éleveurs.
D’autres difficultés ont été également répertoriées, notamment le manque de formation des éleveurs évoqué par 14, 4% des imf enquêtées, l’absence de garantie par 7,8%…».
Dans le secteur de la pêche, le financement du secteur est entravé, selon les Imf, par plusieurs contraintes dont les principales sont : «La diminution de la main-d’œuvre citée par 20% des institutions interrogées, l’insuffisance de fonds de refinancement pour les acteurs de la pêche (20%), la rareté des ressources halieutiques (12,5%) et la vétusté des matériaux de pêche (10%).»
En effet, souligne la Drs-Sfd, «le secteur fait face à une pénurie de bras due à l’exode des jeunes vers d’autres opportunités économiques, notamment à travers l’immigration clandestine. Cette situation fragilise l’activité et augmente l’incertitude chez les Imf, qui perçoivent un risque élevé de non-remboursement des crédits.
Le manque de capitaux disponibles pour financer les prêts aux pêcheurs limite également la capacité des Imf à répondre aux besoins du secteur et par conséquent freine les investissements dans l’équipement et le développement des activités de la pêche».
Les résultats de l’étude révèlent que «le volume de financement cumulé, accordé par les institutions de microfinance aux trois principaux sous-secteurs du primaire, s’est établi à 93 milliards 228 millions de francs Cfa en 2023, après 60 milliards 63 millions de francs Cfa en 2021 et 76 milliards 779 millions de francs Cfa en 2022. Ces montants sont majoritairement destinés aux agriculteurs, qui ont représenté 52% des crédits alloués, et aux éleveurs, 45%, qui concentrent, en moyenne, 97% des crédits décaissés entre 2021 et 2023. Le financement agricole, plus dynamique, passe de 33 milliards 692 millions de francs Cfa en 2021 à 47 milliards 835 millions de francs Cfa en 2023, après deux hausses successives de 12, 7% et de 26%».
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