Face à la situation tendue à l’Ucad avec les manifestations des étudiants qui s’enchaînent, le Conseil académique a autorisé le Recteur à requérir le concours des Forces de l’ordre sur le campus pédagogique pour assurer la sécurité des personnes et des biens, et la continuité des activités pédagogiques et scientifiques. 

Par Dieynaba KANE – La situation à l’Université Cheikh Anta Diop (Ucad) risque encore d’être plus tendue. Face à la violence avec de nombreux blessés recensés ces dernières 48h, le Conseil académique a autorisé le Recteur de l’Ucad «à requérir le concours des Forces de l’ordre afin d’assurer sur le campus pédagogique la sécurité des personnes, la protection des biens et la continuité des activités pédagogiques et scientifiques». Dans un communiqué, la direction de la communication de l’Ucad souligne : «cette mesure, strictement encadrée par les articles 4, 5, 6 de la loi numéro 94-79 du 24 novembre 1994 relative aux franchises et aux libertés universitaires, vise exclusivement à préserver l’intégrité physique des étudiants, enseignants, chercheurs et personnels administratif, technique et de service (Pats)», de «protéger le patrimoine universitaire, garantir un climat académique stable, indispensable à l’accomplissement des missions de formation, de recherche et de service à la communauté». Pour justifier cette décision, le Conseil académique, qui s’est réuni hier, informe avoir «relevé des incidents qui ont compromis la sécurité des personnes, porté atteinte aux biens publics comme privés, et menacé le bon fonctionnement de l’administration, des activités d’enseignement et de recherche».

Par ailleurs, le Conseil académique réaffirme dans son communiqué, «son attachement aux valeurs républicaines, au respect du droit au dialogue et à la préservation d’un espace universitaire sécurisé et apaisé». Dans cette dynamique, il «invite l’ensemble des acteurs à garder la sérénité pour un bon déroulement des activités universitaires et un fonctionnement normal des services de l’administration».

Depuis plusieurs jours, l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) a renoué avec les affrontements entre étudiants et Forces de l’ordre. Des incidents majeurs, impliquant des étudiants et des Forces de l’ordre, ont perturbé le fonctionnement du campus, forçant l’interruption des cours et l’évacuation de certaines zones. A l’origine de ces affrontements, la sempiternelle question du paiement des bourses. Lundi, la Direction des bourses a annoncé le début du paiement des allocations des mois d’octobre et novembre 2025, ainsi que du trousseau pour l’année universitaire 2025-2026. Ce qui n’a pas calmé les étudiants qui soulignent que ce n’est pas l’objet de leurs revendications. Ils réclament les 13 mois d’arriérés que l’Etat doit principalement aux étudiants en Master.

L’appel du Pats
Par ailleurs, l’Intersyndicale du Personnel administratif, technique et de service (Pats) «demandera aux travailleurs de rester à la maison», si la situation à l’Ucad n’est pas réglée dans 24 heures. En attendant, elle demande «à chaque travailleur d’évaluer la situation à son niveau et de rentrer en cas de nécessité». Pour elle, cette décision s’explique par «l’absence de sécurité au travail». D’après le regroupement du Pats, des travailleurs de l’Ucad «ont été victimes de violences physiques et morales au campus pédagogique». Par conséquent, les syn­dicalistes invitent le Rec­torat à prendre toutes les mesures de sécurité idoines et «observent la situation, et prendront les mesures qui s’imposent».
dkane@lequotidien.sn