Thiès – Blanchiment de capitaux, financement du terrorisme : La Centif en guerre contre la criminalité financière


Alors que des interrogations escortent ses rapports, la Centif a entrepris une tournée nationale de sensibilisation sur la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.
Par Cheikh Camara – Dans le cadre de sa tournée nationale de sensibilisation sur les enjeux et les défis de la sécurité financière au Sénégal, la délégation du Comité national de coordination de la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme a été à Thiès ce mardi 2 décembre 2025. Cette campagne de sensibilisation s’inscrit dans une dynamique de consolidation des acquis du Sénégal dans ce domaine, assurée par la Cellule nationale de traitement des informations financières (Centif) du Sénégal. La cheffe de la délégation, membre du Secrétariat du Comité national de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, Khadija Fayel Diop, souligne qu’il s’agit d’une «campagne nationale de sensibilisation auprès des populations sur nos travaux, en matière de stratégie nationale pour lutter contre le blanchiment de capitaux, le financement du tourisme et la prolifération des armes de destruction massive». Elle informe : «A travers cette campagne qui a démarré le 10 novembre 2025, nous sommes en train de sillonner les 14 régions du Sénégal. Nous l’avons démarrée vers Kédougou et sommes en train de la terminer par l’axe Thiès-Dakar.»
Dans cette lutte, la particularité de la ville de Thiès, aux yeux de Mme Diop, demeure le fait qu’elle reste «une cité stratégique, où il y a beaucoup de populations qui nous viennent d’ailleurs». Et en termes de financement du terrorisme, a-t-elle indiqué, «il faut être très vigilant», mais également, en termes de lutte contre le blanchiment de capitaux, remarque-t-elle, «à l’instar des autres villes du pays, toutes les infractions sous-jacentes se retrouvent également dans la ville de Thiès : la corruption, le détournement de deniers publics, mais également d’autres infractions liées à la fraude. Aujourd’hui, nous avons des risques très émergents dans les jeux en ligne, dans la cybercriminalité également, et dans d’autres formes de criminalités financières». Khadija Fayel Diop poursuit : «Malgré les lois et tout le cadrage institutionnel, législatif, réglementaire, les criminels financiers prospèrent dans nos villes, dans nos régions, à l’instar de tous les pays du monde. Face à toutes ces criminalités financières, on s’est dit qu’il ne faudrait pas rester uniquement sur Dakar, mais il faut mailler le territoire national pour pouvoir sensibiliser au mieux les populations, afin qu’on puisse, ensemble, faire en sorte d’avoir un pays où l’économie est bien encadrée et que tous les crimes financiers soient bien gérés, pour qu’ils ne puissent pas prospérer.»
La cheffe de la délégation ajoute : «Au niveau du Comité national, nous développons une stratégie nationale de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. Nous avons eu une première stratégie pour la période 2019-2024, qui s’étendait sur 5 axes, et cette stratégie est arrivée à son terme. Nous sommes actuellement en train de finaliser une autre stratégie qui va débuter fin décembre 2025 jusqu’en 2029, et nous avons une vision jusqu’en 2035.» Elle a surtout insisté sur un des axes qui consiste à faire en sorte que le cadre réglementaire et juridique soit vraiment conforme aux normes et standards internationaux, «parce que nous, nous n’agissons pas en vase clos. Toutes les règles que nous définissons, toutes les lois, tous les décrets, tous les règlements, ont une base liée aux normes du Gafi, qui sont au nombre de 40 recommandations, vous disent concrètement comment tous les pays du monde doivent agir pour faire en sorte que le blanchiment de capitaux soit maîtrisé, que le financement du terrorisme et la prolifération des armes de destruction massive ne prospèrent pas». Elle ne manque surtout pas de renseigner, entre autres, sur «la nature et la portée du blanchiment d’argent et du financement du terrorisme, ainsi que sur la menace qu’ils représentent», sur «l’engagement du Sénégal qui a amélioré sa législation et ses procédures de lutte contre le Lbc/Ft en promulguant une nouvelle loi en février 2024, ce qui a permis au pays d’être retiré de la liste grise du Gafi (Groupe d’action financière)».
Une occasion pour le Gouverneur de rappeler que la région de Thiès, du fait de son positionnement stratégique et de la forte mobilité des personnes et des capitaux, se trouve au cœur des préoccupations nationales. Qu’en tant que première région minière du Sénégal, pôle d’attraction économique avec des secteurs porteurs tels que le tourisme, l’industrie, l’agriculture, l’élevage et la pêche, et zone d’agglomération urbaine, les circuits commerciaux autour de ces secteurs méritent une attention particulière dans l’analyse des risques liés au blanchiment et au financement du terrorisme. C’est là, dit-il, toute la pertinence de cet atelier régional de sensibilisation, qui a pour objectif de rapprocher l’action nationale des acteurs territoriaux, d’échanger sur les risques spécifiques à chaque région et de favoriser une appropriation collective des dispositifs de vigilance et de déclaration.
cheikh.camara@lequotidien.sn

