Chaque année, un nombre impressionnant de fans continuent de venir en pèlerinage à Graceland et d’acheter ses albums. Comme un pèlerinage en l’honneur d’un dieu de la musique. Ce mercredi, à Memphis (Tennessee), quelque 50 000 fans sont attendus à Graceland, la propriété de Elvis Presley où repose la dépouille de la star. Quarante ans jour pour jour après sa mort, le mythe est toujours vivant.
La ferveur vivace s’explique bien sûr par l’impact qu’a eu l’artiste dans l’histoire du rock. «That’s allright mama»… En débarquant au début des années 1950, Elvis Presley secoue l’Amérique conservatrice. Dans un pays encore marqué par la ségrégation raciale, certains Blancs lui reprochent de faire de la musique noire, et certains Noirs l’accusent de s’être réapproprié un pan de la culture afro-américaine. «Mais c’est à partir de Elvis que les Blancs ont bien voulu écouter de la musique noire et s’intéresser à Ottis Redding et consorts», avance le journaliste Daniel Ichbiah. «N’oublions pas qu’au départ, le rock était considéré comme une musique de tarés. D’ailleurs, après son premier passage à la télévision, il a fait l’objet de 500 000 lettres de protestation.»
«La relève est là»
«Dans les années 1950, les gens bougeaient peu. Elvis arrive avec son déhanché, sa gueule, tout le monde voulait lui ressembler ! », résume de son côté Jean-Luc Blanchet, responsable de la boutique Culture Factory – Elvis My Happiness (Paris 15e). Ce magasin est aussi le siège du fan club français officiel de la star, qui compte quelque 5 000 adhérents. La plupart d’entre eux, étaient à peine, voire pas encore, nés le jour de la mort d’Elvis. «La relève est là», se réjouit Jean-Luc Blanchet. Et de raconter la venue dans sa boutique d’un enfant de 10 ans : «Ses parents m’ont bien expliqué que ce n’était pas Disney mais Presley qui le branchait. Il avait vu à la télévision le ‘68 Comeback Special et est resté scotché. Il savait très bien les disques qu’il voulait.»
«Elvis est une légende, il ne peut pas mourir»
Des ventes qui assoient encore plus solidement Elvis sur le trône du plus grand vendeur de disques de l’histoire : il en a écoulé plus d’un milliard. Ses tubes perdurent et la star est bien ancrée dans la culture pop : publicités, séries, films, sont nombreux à y faire référence, sans parler de ses sosies, qui appartiennent au folklore de Las Vegas…
Le mythe est loin de s’éteindre, si bien que certains esprits portés sur la théorie de complot le croient bel et bien vivant. «J’ai enquêté sur les illuminés qui pensent que Elvis n’est pas mort en 1977, raconte Daniel Ichbiah. Je dois avouer qu’à la fin de mon reportage, j’en suis venu à trouver plausible qu’il ait pu simuler son décès pour aller vivre ailleurs dans l’anonymat car il ne supportait plus sa vie de star…» Une hypothèse à laquelle Jean-Luc Blanchet n’accorde aucune crédibilité. Le fan préfère répondre par une pirouette : «Elvis est une légende, il ne peut pas mourir.»
20 minuites.fr