«Il n’est pas plus cruelle tyrannie que celle que l’on exerce à l’abri des lois et avec les couleurs de la Justice.»

Unanimement, tous les dignes citoyens de ce pays -encore Ndumbélaan- ont un respect profond et une confiance totale pour les nobles et courageux édiles qui lisent le Droit au quotidien et au seul service du Peuple. Il a été enseigné depuis fort longtemps, dans les principes du Droit, avec l’esprit des réflexions de William Blackstone, qu’il vaudrait mieux dix coupables échappant à la Justice, plutôt que souffre un seul innocent. L’innocent, ici, c’est Guinguinéo comme jeune département qui manque de tout, malgré le travail harassant qu’abat chaque jour que Dieu fait, madame le Préfet dans la sécurité des hommes et de leurs biens, dans l’aménagement urbain et l’embellissent du cadre de vie.
Guinguinéo, à l’instar de Ndumbélaan dans tous ses aspects, souffre-t-il, lui aussi, du vizir omniscient°, de cet monstrueux castrat, le potentat mégalomane, le narcissique hongre, l’eunuque paranoïaque qui se pense l’arbitre du pays, qui croit qu’il peut, par un simple sifflement, faire sortir de terre une monarchie taillée à sa mesure, un parti-Etat pour ses concepts félons et pour ses vagues notions politiques alarmantes, une dictature tropicale à sa guise ? Guinguinéo a légitiment le droit de se penser victime de l’arbitraire, de l’autorité arbitraire en fait ; cet épée de Damoclès suspendue au dessus de nos têtes qui n’est plus dangereuse, plus active, plus asphyxiante, plus traumatisante, plus oppressante que lorsqu’elle donne l’impression d’être un instrument de vengeance contre un ou des particuliers. Diantre, que paye Pape Malick Ndour, notre président de Conseil départemental ? Lui reproche-t-on sa prestance sans équivoque, ses prises de position tranchées et instructives, la précision de son discours, sa pertinence et sa cohérence dans le débat économique, son calme légendaire, sa posture de gentleman ou cet aura naissant que lui confère jour après jour sa contenance politico-intellectuelle qu’aucun des quatre milles cadres du porozet° n’ose défier dans un débat public ? La présomption d’innocence est-elle toujours de mise à Ndumbélaan ? En tout cas, beaucoup de citoyens de notre jeune et exsangue département pensent à une justice qui se fourvoie car croient-il dur comme fer, qu’elle (la Justice) a été organisée pour faire du Droit, pas pour satisfaire les beaux yeux d’un tyran messianique et le ton burlesque de son parti politique aux relents hitlériens et féodaux.
Guinguinéo a besoin de son président de Conseil départemental : Guinguinéo a faim et a soif ; il veut que l’on s’occupe des questions sécuritaires qui l’étouffent, il a besoin d’être épaulé dans l’éducation de ses enfants ; il réclame la présence de l’objet de son choix démocratique ; il veut être gouverné au quotidien comme toutes les autres entités décentralisées de ce pays… Aucune décision de Justice ne devait s’y opposer ! C’est manquer de respect à nos voix, à nos désirs, à nos droits élémentaires de citoyens, à notre sentiment d’appartenir -comme tous- à ce pays.
Guinguinéo ne s’oppose pas à la loi, il n’accepte simplement pas d’être stigmatisé et collectivement blâmé ; on vaudrait jamais d’un repli identitaire ou le renforcement du clique communautaire face à l’injustice. Nous valons mieux ; mieux que ceux (les partisans du vizir) qui applaudissent lorsque le Droit semble se mélanger à la politique politicienne sans garde-fous.
La décision de cloitrer PMN à son domicile dakarois, sans possibilité d’en sortir et sans droit à la parole publique, nous manque de respect ; manque de respect à nos vies, à la gouvernance de notre département, nous discrimine dans notre propre pays. Elle constitue une blessure collective qui peut saper notre tissu d’appartenance à la Nation, car c’est comme si l’on se moque ou on discrédite éperdument nos aspirations, nos besoins comme groupe, notre culture démocratique, notre contribution citoyenne, notre posture républicaine et notre histoire. Nous amputer de la tête de notre Exécutif départemental passe pour du mépris : cela s’apparente à un acte dédaigneux pour nos préoccupations, à une position partiale qui nous exclut de la marche du pays, ou à de l’indifférence à notre sort. De telles injustices instaurent un climat de méfiance envers les décideurs, alimentent les tensions sociales et éloignent de la chose publique qui ne nous valorise plus comme communauté. La richesse d’une Nation se mesure à la diversité de ses voix qui méritent toutes le même traitement, car chaque expérience compte pour bâtir un avenir plus juste et plus solidaire. Et Guinguinéo est une grandissime expérience, au même titre que les autres ; une expérience qui meut et émeut pour tous ceux qui veulent savoir… Du nu ay yambar de° !
Ah, n’avons-nous pas entendu que le vizir compte y démarrer ses «Nemeeku tour» dans un proche avenir ? Doit-on par conséquent lui éloigner, lui dégager, lui enchaîner PMN pour qu’il y déroule à son aise ? Yalla rekk a xam°, nous disait feu ustaaz Géy non ?
Amadou FALL
IEE à la retraite à Guinguinéo
zemaria64@yahoo.fr