Tournée présidentielle : quand l’urgence sociale passe au second plan

Pendant que le Sénégal suffoque, le pouvoir voyage. Pendant que le peuple serre la ceinture, le Président parade. Pendant que l’État peine à financer l’essentiel, il gaspille dans l’accessoire.
Un pays en crise, un pouvoir en tournée politique
Le Sénégal stagne, recule, s’épuise. Le chômage touche près de 1 actif sur 3, avec des pics à 24 % chez les jeunes. Le Smig, autour de 40.000 FCfa par mois, condamne des millions de travailleurs à la survie. Les hôpitaux publics manquent de matériel et de médicaments, les paysans bradent leurs récoltes, les étudiants réclament leurs bourses impayées et les travailleurs victimes de licenciements sombrent dans la précarité.
Pendant ce temps, la dette publique dépasse 130 % du PIB, le budget consacre près de 40 % à la masse salariale et au remboursement de la dette, et les Sénégalais sont surtaxés, pressurés, leur pouvoir d’achat laminé.
Le gaspillage comme méthode de gouvernance
Un déplacement présidentiel en avion, avec délégation pléthorique et dispositif sécuritaire, mobilise des centaines de millions de FCfa pour quelques jours. Des ressources qui auraient pu équiper des hôpitaux, soutenir les producteurs et financer l’emploi. Chaque litre de carburant brûlé est une insulte à un chômeur. Chaque franc dépensé est un affront à un malade sans soins.
L’hypocrisie politique érigée en système
Hier dénoncées, ces pratiques sont aujourd’hui reproduites sans honte. La rupture promise s’est muée en copie conforme.
La Casamance n’est pas un décor
Un Président n’a pas besoin de se déplacer pour connaître la situation d’une région. Kafountine et Casingring ont besoin de dynamiser le tourisme et la pêche, le fleuve Casamance et la vallée d’Anambé d’infrastructures, des investissements agricoles et de financements ciblés.
Pendant que le Président faisait de la proximité médiatique, le peuple souffrait : les paysans ne vendaient pas leurs arachides, les hôpitaux manquaient de matériel, les familles survivaient dans la précarité.
Un pouvoir obsédé par sa survie
Fuite en avant communicationnelle, démagogie itinérante, confusion entre gouvernance et campagne électorale : ce régime pense déjà à 2029 alors que 2025 est une urgence sociale. Gouverner n’est pas parcourir le pays en avion, serrer des mains ou recycler des pratiques que l’on dénonçait hier.
Le peuple paie, le pouvoir voyage
Chaque litre de carburant brûlé est une insulte à un chômeur. Chaque franc dépensé est un affront à un malade sans soins. Chaque discours prononcé est une diversion face à l’échec. Le Sénégal mérite un État responsable. Pas un État en tournée.
Moussa NIANG
Délégué national à la vie politique de Guem Sa Bopp (Les Jambaars)

