ITIE- Exploitation des hydrocarbures : Le contenu local flambe les recettes

Le Sénégal récolte les premiers fruits de son ère pétro-gazière. Le 12e rapport de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (Itie), publié hier, révèle une contribution record de 455 milliards de F Cfa à l’économie nationale pour l’exercice 2024. Si les indicateurs financiers et le contenu local sont au vert, la Société civile alerte sur les défis environnementaux et le sort des communautés impactées.
Par Justin GOMIS – C’est une croissance fulgurante portée par le pétrole. L’entrée en production du champ offshore Sangomar en juin 2024 a transformé la physionomie économique du pays. En moins de cinq ans, les revenus du secteur extractif ont doublé, passant de 380 milliards en 2023 à 455 milliards de F Cfa en 2024, soit une hausse de 23%. Pour la répartition des revenus en 2024, il faut noter que la part du secteur minier est de 369, 68 milliards F Cfa (81,07 %) et celle des hydrocarbures est de 77, 70 milliards F Cfa (17,07 %). Cette dynamique est particulièrement visible dans les hydrocarbures dont les revenus ont bondi de 153% en un an (passant de 30, 65 à 77,70 milliards). Selon le rapport, la production de pétrole est estimée à 16 905 459 barils, pour une valeur marchande dépassant les 641 milliards de F Cfa.
La victoire du «Contenu local»
Pour la première fois, les entreprises nationales prennent le dessus. Thialy Faye, président du Comité directeur de l’Itie, s’est réjoui de la montée en puissance des fournisseurs locaux : «Le volume des transactions des fournisseurs locaux s’élève à plus de 1110 milliards de F Cfa, dépassant désormais celui des fournisseurs étrangers (1025 milliards).»
Les zones d’ombre : environnement et communautés
Malgré ces performances économiques, le rapport soulève des inquiétudes majeures. Niagna Diassé Guèye, représentante de la Société civile, a pointé une «désillusion» au sein des communautés locales. Le rapport souligne une absence totale d’alimentation du Fonds de réhabilitation minière : entre 2023 et 2024. Pour l’impact social, plus de 90% des flux vont directement au budget de l’État, laissant une «portion congrue» aux paiements sociaux et environnementaux. Pour plus de transparence, la Société civile appelle à une vigilance accrue face aux exonérations fiscales et aux contrats potentiellement déséquilibrés.
Les recommandations de l’Itie
Pour transformer cette manne financière en levier de développement durable, l’Itie préconise l’opérationnalisation immédiate des mécanismes de protection environnementale, l’amélioration de la gouvernance des entreprises d’Etat et le renforcement de la lutte contre la corruption via l’analyse des données des bénéficiaires effectifs (Rbe).
Le directeur de Cabinet du Premier ministre a promis que le gouvernement prendrait en compte ces recommandations, affirmant que la «vitalité démocratique se nourrit de la connaissance et de l’échange».
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