L’emploi des jeunes est un casse-tête auquel de nombreux pays africains sont confrontés. En partenariat avec le Réseau des organisations paysannes et de producteurs de l’Afrique de l’Ouest (Roppa), le Conseil national de concertation des ruraux du Sénégal (Cncr) a initié un atelier régional de réflexion et d’élaboration d’une stratégie de plaidoyer pour le financement et l’installation des jeunes en agriculture.
L’emploi des jeunes est un casse-tête auquel de nombreux pays africains sont confrontés. Quand il s’agit du milieu rural, ce problème devient plus préoccupant puisqu’il génère d’autres phénomènes tels que l’exode rural ou l’émigration clandestine. Une prise en compte des besoins en formation et en emploi des jeunes ruraux est devenue une préoccupation pour les organisations sous-régionales. C’est ainsi que des organisations de producteurs ont essayé d’apporter des réponses à cette problématique. Seulement, des limites ont été constatées, à savoir l’insuffisance de capitalisation et de partage. C’est pour résoudre cette contrainte que le Conseil national de concertation des ruraux du Sénégal (Cncr), en partenariat avec le Réseau des organisations paysannes et de producteurs de l’Afrique de l’Ouest (Roppa) et l’Agence régionale de l’agriculture et de l’alimentation (Araa), a initié un atelier régional de réflexion et d’élaboration d’une stratégie de plaidoyer pour le financement et l’installation des jeunes en agriculture.
L’atelier qui doit durer trois jours vise, selon le président du Cncr Nadjirou Sall, à faire la «synthèse des différentes expériences et porter le plaidoyer dans le cadre du financement de l’emploi des jeunes en milieu rural». Le Cncr qui a développé une expérience fructueuse en la matière, via la mise en place d’un centre incubateur de développement de métiers avicoles au Sénégal, entend partager cette expérience. «Au Sénégal, on a réussi à montrer qu’un jeune peut être dans sa ferme, mener son activité et que l’on peut agir sur sa formation et renforcer ses capacités sans qu’il perde son métier», explique M. Sall. Il ajoute que le Cncr a identifié de jeunes agriculteurs dans les différentes régions agro-écologiques du pays. «On a formé ces jeunes pendant trois mois. Ensuite, ils sont retournés chez eux pour mettre en œuvre ce qu’ils avaient appris.» Au fur et à mesure du déroulement de ce processus, le président du Cncr indique qu’ils ont été accompagnés. «C’est ce processus de formation professionnelle en lien avec l’école, le métier et le milieu qui semble être un succès et une réussite qu’il faut partager et amplifier», souligne M. Sall. Un des résultats attendus de cette rencontre sera, ajoute-t-il, de construire un message commun à tous les 15 pays de la Cedeao afin de mener le plaidoyer pour le financement inclusif des jeunes et des femmes.
Pour le représentant du Roppa, la problématique de l’emploi des jeunes ruraux est surtout liée à une formation inadaptée au marché du travail. «Dans le milieu rural, les jeunes ne croient plus en l’agriculture», constate M. Ibrahima Coulibaly. Il s’y ajoute des problèmes d’accès à la terre et aux financements qui renforcent la précarité dans cette couche de la population. «Il faut que nous soyons innovants et inventifs pour mettre en lumière cette mine d’emplois qui existe dans le secteur agricole.» Mais la première étape est, selon lui, la formation.
La rencontre qui réunit jusqu’à demain, à Dakar, des organisations de producteurs venant des plusieurs pays de la sous-région ainsi que des universitaires et des membres d’organisations partenaires des pays hors du continent devrait contribuer à développer des synergies.
mamewoury@lequotidien.sn