Avec une pléthore de 39 ministres nommés, soi-disant détenteurs de bases politiques, 3 ministres considérés par les observateurs comme les meilleurs étant exclus de l’attelage gouvernemental, parce que perçus comme technocrates et non politiques, la structuration de votre vision autour d’un second mandat en 2019 ne paraît ni rationnelle, ni méthodique. Il y a là, incontestablement, une absence d’organisation dont les conséquences pointent d’ores et déjà à l’horizon et à l’issue de laquelle le réveil risque d’être fatal à la fois pour l’Apr et ses alliés de Bby. Le nombre de sollicitations citoyennes et le flux d’informations vous amèneront parfois à ne plus percevoir le degré d’importance et l’urgence de telle ou telle action. Or, dans la présente séquence temporelle de 15 mois qui nous sépare de l’élection présidentielle prochaine, il est surtout question, pour vous personnellement, Excellence, de repérer les priorités, afin d’amener le Premier ministre et son gouvernement à organiser et planifier la matérialisation de votre vision politique autrement qu’en fonction de la chronologie des évènements.
Les nombreux ministres auxquels vous faites confiance, sont-ils tous suffisamment outillés et expérimentés pour prioriser leurs tâches de gestion et d’organisation du temps ? Sont-ils tous bien préparés à l’idée que «ce qui est important est rarement urgent et ce qui est urgent rarement important», comme le soutenait le stratège Eisenhower ? Le gain de temps étant dès lors une donne extrêmement importante, pour garantir la performance dans les politiques publiques porteuses de changements et en vue d’un mieux-être des citoyens électeurs, rime-t-il avec l’option quantitative que vous avez mise en avant au grand dam d’un choix qui se devait d’abord qualitatif pour l’efficacité et l’efficience ?
La seule réponse qui me semble susceptible d’être suffisamment englobante et univoque pour répondre à tant d’interrogations repose sur deux dimensions distinctes : l’importance et l’urgence de la mission de chaque ministre articulées au résultat final que vous en attendez : votre réélection à la présidence de la République, dès le premier tour, en 2019.
L’important, en cette occurrence, c’est ce qui correspond aux tâches liées à tous les résultats qu’obtiendra votre gouvernement, grâce à ce qu’il convient d’appeler les «cohérences politiques», pour reprendre l’Ocde, dans un système de gouvernance appliqué à un Etat unitaire fortement décentralisé comme le Sénégal. Ceci pose les problématiques liées à la territorialisation des politiques publiques au niveau de l’Acte 3, au développement inclusif, dans l’équité et la solidarité, avec le Pudc, la Cmu, les bourses familiales, l’emploi des jeunes, l’autonomisation des femmes, la consolidation de la paix en Casamance, l’apaisement durable du climat politico-social et donc, la justice et, que sais-je encore ? Ou encore, tout ce qui contribue à concrétiser votre vision, à défendre vos objectifs prioritaires. L’urgent, quant à lui, correspond aux tâches qui requièrent une attention immédiate de chacun de vos 40 ministres. C’est-à-dire toutes les tâches auxquelles ils doivent réagir spontanément.
En fonction de la définition de votre politique pour un second mandat et de son cadre spatio-temporel, les orientations de la Primature chargée en même temps de coordonner la mise en œuvre par les ministres, de cette politique, celles de votre majorité parlementaire seront différentes parce qu’elles varieront bien évidement en fonction du domaine d’action et des tâches à accomplir. Seront considérées comme :
«prioritaires», la gestion des crises politiques et sociales, le respect des deadlines dans les promesses faites aux jeunes, aux femmes, aux handicapés et à tous les citoyens lors des Conseils des ministres décentralisés, le traitement des appels et alertes importants, la gestion des problèmes urgents comme ceux relatifs aux inondations, aux ressources naturelles, aux questions diplomatiques ;
«clés», les tâches en lien avec la préparation, la planification ou encore l’organisation. Mais aussi les moments de réflexion dédiés à la stratégie, la prise de recul, la veille, la formation, etc.;
«pompiers», comme les discussions internes collégiales, le traitement de certains mails intra, le traitement de certains appels téléphoniques ou encore les priorités urgentes d’autres personnalités ayant servi la Nation ou dont l’expertise et l’expérience ne souffrent d’aucun doute ;
«parasites», ou inutiles comme certains discours ethnicistes ou injurieux, revanchards ou menaçants, etc.
Excellence, Monsieur le président de la République, à quelques encablures de la fin de votre mandat présidentiel, si tant est que vous aspiriez à l’efficacité et à l’efficience qui mènent à la performance, donc à un bilan convaincant, vous n’avez besoin que d’un gouvernement d’une vingtaine de membres. Il serait alors possible et même évident qu’un tel attelage organise rationnellement son temps pour ne pas subir son travail, mais plutôt le contrôler parfaitement, sans stress, dans toutes ses dimensions. Parce qu’être dépassé par le travail, agir en réaction aux évènements en ayant une majorité de tâches pompiers ou de tâches prioritaires dans son emploi du temps est une source de risque et d’inconfort dans la durée, et cette pléthore de ministres mène, sans doute vers une telle direction.
A contrario, développer un maximum de tâches clés, aux plans technique, administratif, politique, relationnel et managérial, permet d’alimenter le sentiment de contrôle, de développer une vision plus large, de la confiance et de la sérénité pour aider les citoyens sénégalais à vivre autrement et mieux dans leur pays.
En cela, nous sommes convaincus que le gouvernement issu des élections législatives du 30 juillet 2017, devrait être revu et corrigé dans les meilleurs délais pour réaliser bien des espoirs d’un mieux-être de nos compatriotes,…encore en attente.
Papa Moustapha GUEYE
Inspecteur de l’Education et de la Formation
Citoyen de la République