Le collectif des artistes comédiens pulaar (Dental Pinal Pulaar) a tenu vendredi dernier au Grand Théâtre, la 3e édition de la nuit du théâtre et de la comédie peulh intitulée : Njalniika et Pinal Fulbé. Les prestations des troupes théâtrales sur scène, ont été marquées par une tragédie et une comédie fortement appréciées du public.
Vendredi dernier au Grand Théâtre, l’heure était à l’art dramatique peulh ! La 3e édition de Njalniika et Pinal Fulbé, qui s’y est déroulée, a été marquée par une riche production théâtrale composée d’une pièce tragique, suivie d’une autre comique. Encouragé par les applaudissements, le premier membre du collectif des artistes comédiens pulaar débarque sur scène. Dans ses haillons, le public devine aisément le rôle de cet homme : le fou. Le fou râleur certes, mais qui parfois retrouve un brin de lucidité pour raconter la mésaventure de la souris face au chameau. Une histoire qui, en réalité, n’est qu’une allégorie de la mésaventure des humains dans une société où les richesses sont inégalement réparties et où certains sont amenés à solliciter l’aide de leurs proches, parents, amis, collègues ou voisins. Une histoire racontée mais également jouée par la troupe qui rejoint le fou sur scène. Au fur et à mesure que les scènes se succèdent et que la voix du fou s’y pose comme un intermède, le public découvre les traits de ressemblance entre les deux histoires. Celle du chameau aux longues jambes et long cou qui refuse de partager sa nourriture avec la souris avec ses courtes pattes et court cou et celle d’une maman qui est riche, et qui refuse de venir en aide à son frère alité sur son lit d’hôpital et qui meurt, parce qu’il n’a pas de quoi payer ses ordonnances qui pourtant ne sont pas si coûteuses.
Cette pièce montre surtout le visage hideux d’une femme qui, dès qu’elle apprend la mort de son frère, vient verser toutes les larmes de son corps et payer les frais de funérailles. «Si elle l’avait fait avant, peut-être que son frère ne serait pas mort», réagissent des voix émues dans le public. A la fin, la question initialement posée par le fou trouve sa réponse et, dans le public, on continue de commenter et de tirer les leçons de cette triste histoire tissée de toutes pièces pour sensibiliser les gens sur le comportement qu’ils doivent adopter en société, l’entraide et la solidarité qu’il doit y avoir entre eux.
La seconde pièce, elle a fait rire le public, jusqu’aux entrailles. 1h 45 minutes, Hamadi Dia ne pense pas encore rentrer chez lui. Il veut à tout prix connaître le fin mot de l’histoire entre Galo et Baafal Ndiamdi. Les deux lutteurs qui doivent s’affronter pour une somme de 10 millions francs Cfa. Galo a terrassé tous les grands lutteurs du Djolof et malgré son âge avancé, il tient à ce combat. Avec ses chaussures de marque Nike, son chapeau de gaynaako (éleveur), son pantalon bouffant et sa canne, le vieux Galo attend le jour de son combat. Mais autant dire qu’il tremble, rien qu’en entendant le surnom de son adversaire ; Baafal Ndiamdi (porte en fer), qui lui, a terrassé tous les grands lutteurs dans le Fouta. Dans leurs villages et dans le public, tous n’attendent que le combat entre Galo et Baafal Ndiamdi. Le jour J, Galo, arrivé en premier, est tenté de fuir dès qu’il voit son adversaire, tellement que ce dernier est gros et robuste, comparé à lui. On dirait Tann bombé contre Lamarana ! Une histoire qui a fait marrer le public. Une histoire dont Babacar Thiam décèle ce côté sensibilisation. «L’homme capable de s’embarquer dans des histoires risquées… juste pour récolter de l’argent», juge-t-il.
Emouvante et comique à la fois, la 3e édition du Njalniika et pinal fulbé a tenu toutes ses promesses côté spectacle. Seul le public a fait faux bond. Mais comme le dira le Mc, seedé alla ko barké woodi (Ndlr : la qualité vaut mieux que la quantité). Keyssi Bousso, directeur de Grand Théâtre et parrain de la soirée, a promis d’ouvrir ses salles pour les prochaines éditions.
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