Les pays du continent doivent se donner les moyens de transformer durablement leur système productif. Selon le Président Macky Sall qui a présidé hier l’ouverture du Forum Investir en Afrique organisé par la Banque chinoise de développement et le Groupe de la Banque mondiale, il faut adopter un nouvel état d’esprit.

Les pays du continent doivent se donner les moyens de transformer durablement leur système productif. C’est le discours que le Président Macky Sall a tenu hier en présidant l’ouverture du 3e Forum Investir en Afrique et dont le thème est : Accélérer le développement de l’Afrique par l’innovation. Selon le Président sénégalais, cette transformation passe par l’innovation et il s’agit, selon lui, d’adopter «un nouvel état d’esprit qui traduit une réelle volonté de rompre avec les idées, pratiques et habitudes établies». Cette exigence s’impose d’abord aux pouvoirs publics africains qui doivent marquer la rupture, indique le Président. «En tant qu’inspirateurs des politiques publiques et chargés de leur mise en œuvre, s’ils n’évoluent pas dans le sens de l’innovation, de la transparence dans les procédures, tout ce que nous dirons ici ne servira à rien.»
Le Président qui prône un passage rapide au e-gouvernement, invite ainsi les administrations du pays, particulièrement les administrations fiscales, à opérer une rupture. «Nos administrations financières surtout doivent matérialiser l’innovation dans les procédures», a indiqué le Président Sall en présence d’un parterre de personnalités dont le vice-président de la Côte d’Ivoire, M. Daniel Kablan Duncan, et le vice-ministre des Finances de la Chine. «La rupture commence par nous-mêmes. Il est important que nous en prenions conscience en tant que décideurs», souligne le Président Sall, en appelant à des politiques «saines, stables et prévisibles, mais aussi transparentes et diligentes».
Selon Macky Sall, ce sont les préalables pour inspirer la confiance aux citoyens et aux partenaires. «Je veux souligner l’importance de la bonne gouvernance dans la conduite des affaires publiques. C’est quand la con­fiance est établie que les échanges et les investissements prospèrent, parce que de part et d’autre, on est assuré que les engagements pris seront respectés.»
Dans son allocution, le Président sénégalais a également déploré la surévaluation des risques liés aux crédits. «Le risque est surévalué et je suis bien content que le directeur de la Banque chinoise de développement en parle. En vérité, le risque n’est pas aussi grand qu’on le prétend. Sur la dette des pays, les pays africains ne sont pas en défaut malgré toute la théorie qui est faite autour. Même sur les projets de partenariat, la rentabilité est tout à fait acceptable par rapport à ce qui se fait ailleurs dans le monde. Nous payons beaucoup trop sur les assurances-risque en Afrique. Il faudra justement que ce forum réfléchisse à comment ramener le risque à de justes proportions.» Selon le Président Sall, « l’Afrique est en quête d’émergence. Elle a des ressources. Elle a des besoins, elle offre des opportunités. La question essentielle est de savoir comment mettre en valeur ces ressources à travers un partenariat intelligent, un partenariat pour la prospérité partagée qui suppose que l’investisseur est  protégé dans ses droits et intérêts tout autant que le pays d’accueil».
Ce forum qui se tient à Dakar, après Addis Abeba en 2015 et Ganzhou en Chine en 2016, vise à identifier les problèmes et les priorités, et à rechercher des solutions concertées et mutuellement bénéfiques, indique le Président Sall. Une dynamique que la Chine compte bien soutenir selon le vice-ministre des finances M. Yaobin Shi. Le ministre chinois informe ainsi que son pays a investi plus de 60 milliards de dollars sur le continent africain.
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