Exposition de la revue féminine pionnière «Awa» : Pour vulgariser l’œuvre de Annette Mbaye d’Erneville

«Awa, une revue féminine pionnière», c’est le nom de l’exposition devant se tenir au Musée de la femme Henriette Bathily. Le vernissage aura lieu le 3 novembre et l’expo se poursuivra jusqu’en janvier 2018. Cet évènement est un prétexte pour faire connaître aux jeunes générations le premier magazine féminin francophone d’Afrique «Awa», créé en 1964 par Annette Mbaye d’Erneville à Dakar.
La revue féminine Awa, créée à Dakar de 1964 à 1973 par Annette Mbaye d’Erneville, sera revisitée à partir du 3 novembre par le biais d’une exposition intitulée «Awa, une revue pionnière féminine». Le but est de faire connaître à la jeunesse cette histoire de femmes qui ont créé un objet imprimé après juste les indépendances. Elles souhaitent aujourd’hui que ce journal soit mieux connu, mais aussi qu’il serve d’inspiration aux jeunes. «Cela peut mener vers de nouvelles créations. Pourquoi pas une nouvelle revue Awa en 2018 par exemple, ou d’autres initiatives», a d’ailleurs affirmé Ruth Bush, maître de conférence à l’Université de Bristol au Royaume-Uni. Elle est par ailleurs commissaire scientifique de l’expo.
Il est prévu dans le cadre de cette initiative la projection d’un film de Ousmane William Mbaye intitulé Mère bi, de la musique, un studio photos. En somme, ce sera un espace pour apprendre et pour divertir. Il y aura également un portail qui, en même temps que l’ouverture de l’exposition, sera en ligne en accès libre pour tout le monde avec les contenus des magazines. «Des contenus qui regroupent à la fois des textes et de magnifiques images, des photos d’illustration. Et donc, de nombreuses rubriques différentes qui touchent à la fois des recettes de cuisine, mais aussi des articles de reportage politique sur la place des femmes en ce moment-là», renseigne Claire Ducournau, enseignante et chercheuse à l’Université Paul Valery de Montpellier.
Selon Mme Ducournau, des réflexions profondes seront également au menu. Ces dernières permettront de se poser des questions comme : «On en est où de la relation sociale entre les femmes et les hommes ? Quelle est aujourd’hui la place des femmes dans la presse, mais aussi ailleurs ? Est-ce qu’il y a beaucoup de femmes qui continuent de faire du parachute ?» Par ailleurs, elle a rappelé qu’il y a une certaine liberté de ton, une certaine audace dans ce magazine. «Ce qui explique aussi le terme pionnier qu’on a utilisé dans le titre de l’exposition», a-t-elle dit lors d’un point de presse hier. Elle fait également comprendre que le message qu’elles voudraient lancer à travers cette expo est de mettre en lumière un objet qui est aujourd’hui méconnu et qui est difficile à trouver.
«Pour numériser le magazine, on a dû regrouper des numéros qui étaient à l’Ifan, aux Archives nationales, des numéros personnels conservés par le net, et des numéros personnels conservés par des femmes. Individuellement, on a eu du mal à regrouper la collection entière qui est dispersée», fait-elle savoir. Pour cette commissaire scientifique de l’exposition, l’idée est de rassembler cet objet «qu’on a oublié», dont «on parle peu» parce qu’il fait partie de l’histoire. Il s’agit là, insistera-t-elle, d’un travail de mémoire qui «touche à l’histoire de la presse, des femmes, des hommes aussi qui se sont engagés dans ce magazine». C’est important du point de vue de la mémoire culturelle, a insisté Mme Ducournau. «Cette exposition met en avant l’aspect léger et divertissant avec des liens vers la musique, la photographie, les autres formes artistiques que comporte le magazine», vante-t-elle.
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