S’exprimer dans les médias n’est pas vraiment sa tasse de thé, mais après plusieurs tentatives, le député-maire de Bakel a enfin accepté de parler au journal Le Quotidien. Et l’affaire Khalifa Sall ainsi que la candidature de Macky pour 2019 ont été à l’ordre du jour des échanges.

Quel bilan faites-vous de votre gestion à la tête de la mairie de Bakel ?
Lorsque j’ai pris service, j’ai d’abord fait l’état des lieux et une bonne prise en main des dossiers que j’ai trouvés. Le tout m’a permis d’aller vers des orientations stratégiques importantes pour le développement de la ville de Bakel. Premièrement, j’ai initié une mission d’appui pour élaborer un plan d’actions pour le développement de la ville de Bakel, en partenariat avec le Millenium challenge account (Mca) américain qui est chiffré aujourd’hui à plus de 10 milliards 500 millions de nos francs. Dans ce document, tous les secteurs d’activités sont pris en compte. On a fait le diagnostic, ça a fait l’objet d’une évaluation des gaps. Cela a permis d’identifier les projets, de les quantifier et de les budgétiser. Aujourd’hui, je suis en train de me préparer à organiser la table ronde des donateurs pour le financement de cet important programme qui, à terme, devrait permettre à la ville de Bakel de sortir de sa situation. Parallèlement, j’ai mené beaucoup d’activités pour améliorer le cadre de vie urbain. Aujourd’hui, grâce à l’appui du Président Macky Sall, on est en train de construire la Place de l’Indépendance de Bakel qui d’ailleurs porte le nom du chef de l’Etat. Et cela, en reconnaissance de tout ce qu’il a fait pour la ville et le département de Bakel. C’est le Conseil municipal lui-même qui a pris une telle décision. Cette Place de l’Indépendance sera terminée dans quelques semaines. Sans doute souhaiterions-nous à l’occasion que le Président lui-même vienne l’inaugurer. L’autre élément important, c’est la voirie. Nous avions eu 3 km au début du mandat, il y a trois ans de cela. Cette année, nous avons 5 km. Actuellement, l’Ageroute est dans la ville de Bakel. Ils ont terminé toutes les études. Ils sont en train d’identifier actuellement la position des conduites d’eau pour éviter que leurs engins lourds ne les cassent. Et à partir de là, ils vont démarrer incessamment les travaux pour réhabiliter tout le tronçon au niveau de la ville de Bakel. Il faut ajouter à cela que nous nous sommes battus pour obtenir la construction du deuxième collège de Bakel, le collège de Guidi Npalé. Il est en cours de finition. Et nous avons également obtenu la réalisation du centre social de Bakel pour un montant de 90 millions, dont bientôt les travaux seront finis. Et à côté de cela, nous avons également obtenu le financement et la construction d’un centre de télémédecine. Cela serait une première pour le Sénégal. Je dis bien le Sénégal, pas seulement à Bakel, qu’on arrive à avoir un centre aussi important qui, au-delà des multiples services qu’il offre aux populations, va nous permettre de régler une question importante, celle de la santé de nos populations, compte tenu de la distance qu’il y a entre Bakel et Tambacounda, Bakel et Ourossogui, à savoir 253 km et 145 km. Avec ce centre de télémédecine, nous allons avoir des patients qui seront consultés depuis l’extérieur : l’Europe, la France, les Etats-Unis, les pays arabes, ou Dakar, par des spécialistes, des médecins chevronnés, qualifiés, spécialisés. Un des problémes qui me préoccupent aujourd’hui, c’est d’arriver à avoir le soutien des autorités de ce pays pour qu’enfin Bakel, compte tenu de sa distance, ainsi que de la frontière qu’on a avec le Mali, la Mauritanie, également de son importance au regard des nombreux villages et communes que nous avons de part et d’autre de la frontière, jusque dans le Fouta à la hauteur de Sémé et de l’autre côté jusque vers Goudiry, ait un hôpital de niveau 2. Nous pensons qu’avec l’avènement du Président Macky Sall à la tête du pays et qui aujourd’hui travaille à corriger les inégalités sociales, nous sommes en droit de nous attendre à avoir une telle infrastructure. Au niveau de l’Assemblée nationale, il n’y a pas encore trois ou quatre jours, (l’entretien a eu lieu le dimanche dernier. Ndlr), j’ai obtenu la construction du village artisanal de Bakel. On me demande tout de suite de tenir une délibération du Conseil municipal pour 2 ha. Et pour le building communal de Bakel, en R+3. Il sera très difficile de me remplacer quand je vais quitter la ville de Bakel, c’est la vérité. Parce que de 1960 à nos jours, et tous les maires que j’ai remplacés, dont le dernier en date, Aziz Tandian, que j’ai rencontré, le disent, personne n’a fait ce que j’ai fait. C’est tous les chefs de quartier, y compris la famille régnante de Bakel, la famille Ndiaye, qui me dit aucun maire n’a fait ce que tu as fait. La radio de l’hôpital de Bakel, pour 100 millions, c’est moi.

Le fait de rebaptiser la Place de l’Indépendance Macky Sall est perçu par beaucoup de Bakélois com­me un acte politicien… 
Moi, je suis politicien. Je fais de la politique. Je suis pour mon Président, le Président Macky Sall. C’est lui qui m’a aidé à avoir ça. En réalité, le maire de Bakel n’a aucune ressource pour construire une place aussi importante, aussi belle, qui fait aujourd’hui la fierté des populations. Et toutes les populations se retrouvent dans ça. Maintenant, des partis morts qui n’existent que de nom, qui ont deux ou trois personnes, qui se permettent de dire nous, on est contre, mais à quoi ça sert ? Rien du tout. Le chien aboie, comme on le dit, et la caravane passe. Dans le cadre de ce programme du chef de l’Etat logé au niveau du ministère du Renouveau urbain, des 4 projets majeurs retenus, les trois sont dans la région de Dakar. Il n’y a que le seul projet de Bakel qui soit en dehors de Dakar. Cela veut dire que le Président tient bien aux zones périphériques. Il tient à régler la question des inégalités sociales. Pour lui, tous les Sénégalais sont d’égale dignité. Et c’est cela qu’il faut encourager et féliciter. Tout ce que je suis en train de faire, c’est du nouveau pour les Bakélois. Ils n’ont pas jamais eu ça, ils l’ont dit. Ça, c’est Macky Sall qui m’a permis de l’avoir. Si partout les maires font comme ça, je vous dis que Macky Sall en 2019, c’est à midi qu’on va donner les résultats.

L’état des routes dans le département est un problème…
La question des routes, le chef de l’Etat l’a bien prise en compte. Parce que de Ourossogui à Bakel, c’est déjà calé. Les travaux ont démarré. La route Kidira-Bakel également suit jusqu’à Tamba­counda, ce n’est pas Kidira-Bakel seulement, c’est Bakel-Kidira-Tambacounda. Entre Kidira et Tambacounda, c’est le calvaire. Tout le monde est au courant, même le Premier ministre est passé par-là. Donc cette question sera également réglée. Le chef de l’Etat est en train de travailler pour que définitivement la question du désenclavement de cette zone soit un vieux souvenir.
L’actualité, c’est l’affaire Khalifa Sall. L’opposition a toujours crié à l’acharnement contre le maire de Dakar…
Moi, je pense que Khalifa Sall lui-même a reconnu qu’il a mal géré. Il l’a dit.

Comment ça ?
Parce qu’il a dit qu’il a géré comme les autres. Est-ce que les autres géraient bien ? Non. Pour la caisse d’avance, les dépenses sont éligibles. C’est-à-dire qu’il y a des choses pour lesquelles on peut utiliser cet argent. Si je m’explique, il y a des choses sur lesquelles on n’a pas le droit d’utiliser cet argent. Le premier problème qu’il y a eu, c’est lorsqu’ils ont utilisé le Gie d’un tailleur qui ne reconnaît pas du tout avoir travaillé avec eux. D’abord, ça c’est un problème pour quelqu’un comme Khalifa Sall qui est maire d’une ville comme Dakar et qui ambitionne d’être président de la République. Ça pose problème. Deuxièmement, moi je suis maire. Je sais comment on gère ces questions. L’un dans l’autre, je pense qu’il a fait une erreur. Parce que tous les gens qui étaient là, ils ont toujours utilisé l’argent comme ils ont voulu. Moi, je peux utiliser l’argent d’une manière qui n’est pas orthodoxe. Mais tout en sachant que ce n’est pas la bonne manière d’utiliser l’argent. Mais si moi, aujourd’hui, on m’épingle parce que je l’ai utilisé de cette manière et je reconnais que je l’ai utilisé de cette manière, c’est que quelque part, moi-même, je me suis foutu le doigt dans l’œil. Maintenant, les Sénégalais, personne ne sait ce qu’ils aiment. Quand il y a détournement, on dit le gouvernement n’agit pas. Les Sénégalais sont des nostalgiques. Ils ont une mémoire courte. Ce sont des gens qui sont trop sentimentalistes, mais la gestion, c’est la gestion.

Mais pour beaucoup d’observateurs, Macky Sall tente d’écarter un potentiel candidat à la course à la Présidentielle de 2019…
Les gens exagèrent. Khalifa Sall, quand il sort de Dakar, qui le connaît ? A Bakel, on ne connaît même pas Khalifa Sall. Au Sénégal, les gens sont en train de se tromper. Macky Sall est un jeune Président qui est arrivé au pouvoir comme ça. Et en moins de trois ans et demi, ou quatre ans au plus, il est devenu président de la République. C’est inédit dans l’histoire de ce pays. Du coup, tous ceux qui sont de son âge pensent qu’ils peuvent faire des tournées à Tamba, un peu partout, pour devenir des Présidents. Mais ils oublient également en tant que croyants que chacun a sa destinée. Macky Sall, ce n’est pas Khalifa Sall, je suis désolé. Ceux qui disaient qu’ils pouvaient être des Présidents, ils ont tous été écrasés chez eux. Cheikh Bamba Dièye à Saint-Louis, mon ami le ministre Mansour Faye l’a écrasé. Idrissa Seck a été écrasé par mon ami Augustin Tine à Thiès. Tous ces gens qui portaient des boubous de présidentiables, moi je leur dis qu’ils n’ont qu’à les retailler. Parce qu’en réalité, ils ne peuvent pas faire face à Macky Sall. Macky Sall, je pense, je n’exagère rien du tout, si Dieu nous donne la chance d’être encore là, je n’ai pas vu un candidat sérieux en face de lui.