La vente de migrants en Libye continue d’indigner à l’image des rappeurs et des hommes politiques, qui ont organisé hier un grand rassemblent à la place de la Nation pour protester contre cette pratique avilissante.
La vente de migrants a provoqué une onde de choc mondiale. Regroupés au sein du Collectif «non à toute forme d’esclavage», des rappeurs, politiciens et membres de la Société civile ont étalé leur colère hier à la place de la Nation. Balayée par un vent frisquet, l‘ancienne place de l’Obélisque retrouve son symbolisme à travers les échos de la voix des indignés de cette pratique jugée «indigne et dégradante». Les rappeurs Duggy Tee, Nit Doff, Xuman, les leaders politiques Ousmane Sonko, Cheikh Bamba Dièye et de la Société civile à l’image du directeur exécutif d’Amnesty international, Seydi Gassama. «C’est un acte inhumain», s’insurge Seydi Gassama, qui invite la Cour pénale internationale à ouvrir une enquête pour punir les coupables.
Déroulant son chapelet de griefs, le patron d’Amnesty international souhaite la mise en place d’un observatoire contre la traite des migrants par l’Union africaine. Celui-ci servira de baromètre à l’organisation africaine pour recenser les pays où les droits de l’Homme sont violés avant de les exclure de l’Ua en guise de sanction. Dans la même veine, il a annoncé un sit-in prochainement devant les ambassades de l’Arabie Saoudite et du Koweït pour s’insurger contre des pratiques existantes dans ces deux pays où «les ouvriers et les femmes de ménages sénégalaises sont réduits en de simples esclaves». «Au-delà de l’indignation, l’émigration irrégulière est la cause première de la traite des êtres humains en Libye», souligne Ousmane Sonko. Il s’interroge sur ce qui pousse les jeunes africains à prendre la route de la migration au péril de leur vie. «C‘est parce que sur place, les conditions ne sont pas remplies pour leur permettre de s’épanouir», dit-il en accusant le régime de Macky Sall de «piller les ressources naturelles du pays». Au final, le député encourage «les jeunes à rester sur place pour se battre contre ces politiciens corrompus pour changer la donne», en donnant l’exemple de la révolution française de 1789. Il demande aux Sénégalais de cesser de réagir «sous le coup de l’émotion dans la mesure où en 2007, des migrants sénégalais sont morts dans le désert libyen torturés». Quelle est la part de responsabilité de l’Etat dans cette affaire ? «L’obligation première qui incombe aux gouvernements est d’assurer la sécurité de leurs citoyens», déclare Cheikh Bamba Dièye. En écho, Pr Malick Ndiaye soutient que «l’esclavage existe en Mauritanie».
Par ailleurs, le rappeur Xuman s’en est pris à l’aphasie des dirigeants africains, qui ont pourtant condamné cette pratique. Il dit : «Lorsqu’il y a eu Charlie hebdo, les Présidents africains se sont empressés d’aller en France pour soutenir le gouvernement français», rappelle Xuman, qui prône «une action militaire pour mettre fin aux agissements des milices qui entretiennent le commerce des esclaves en Libye». «Ça fait longtemps que la traite des migrants existe mais les gens n’y ont jamais cru. Il a fallu que Cnn fasse un reportage sur la question pour que les gens en soient convaincus», précise Duggy Tee.
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