L’impact de la croissance économique sur le bien-être de la population sera au cœur des échanges du colloque sur le thème «Innovation, productivité et croissance» à l’Ucad. Des universitaires du Sénégal et du Québec vont se pencher sur la question pour y apporter des réponses.

C’est un constat : La croissance économique du Sénégal ces deux dernières années est forte. Seulement, il faudra faire des recherches pour mieux comprendre les décisions prises par les politiques pour mesurer son impact sur le bien-être de la population. C’est tout le sens du colloque, qui s’est ouvert hier sur le thème «Innovation, productivité et croissance». Se penchant sur cette question, des chercheurs ont reconnu que la croissance est plutôt positive. Sauf qu’ils sont préoccupés par le fait qu’elle semble être tirée en partie par les investissements publics. Le rythme d’investissement public sera peu soutenable pour maintenir cette croissance aussi forte au-delà de 16% dans les prochaines années et à long terme. Analysant cette situation, Luc Savard, professeur en économie à Sherbrooke (Canada), soutient qu’on voit «une classe moyenne qui était très peu présente en train de prendre place au Sénégal». Il a souligné par la même occasion que la perception des gens aussi est basée sur «le court terme». «C’est-à-dire  com­ment j’étais il y a deux ou trois ans, alors que si on retourne 20, 25 ans en arrière, on se rend compte que le sort des Sénégalais moyens s’est amélioré», a-t-il dit. En outre, on informe qu’une croissance «soutenue» pendant plusieurs années peut mener à l’amélioration du sort des populations défavorisées. Mais pour y arriver, il faudra que le gouvernement joue sa partition dans l’amélioration des conditions de vie de ces populations en offrant un meilleur service, en leur permettant d’accéder à un système éducatif de qualité.
Lors de cette rencontre, il a été aussi précisé que la croissance économique à long terme peut permettre d’aider les populations mais cet effet se fait peu sentir. La fuite des capitaux vers les pays étrangers serait l’un des facteurs qui expliqueraient cette situation. Parce que, plus la croissance est tirée par des investisseurs étrangers moins la transmission de la richesse aux populations pauvres se fera sentir. Or au Sénégal, la croissance des années 1970 jusqu’à la stagnation durant les années 1980 a été menée par des puissances étrangères. Aujourd’hui, M. Savard note une amélioration de la situation avec «la croissance plus récente du Sénégal partagée avec les acteurs locaux». Même si le rôle des investisseurs étrangers est encore important, le gouvernement doit jouer un rôle pour distribuer les profits de cette croissance à travers la fiscalité, les taxes. Ceci pour offrir des programmes aux classes plus défavorisées de la population afin de leur assurer un bien-être.
Abordant la question de l’Innovation, le Pr en économie, François Joseph Cabral, a fait savoir que l’effort sur ce point est «relativement trop bas». Alors que la nouvelle économie qui se dessine est de plus en plus immatérielle. «Ce sont des idées qui sont transformées à partir des universités, des laboratoires et que les entreprises parviennent à rentabiliser. Le défi est là et le Sénégal reste à la traîne», a-t-il déploré.
Stagiaire