Tout comme les adultes, la prise en charge des enfants contre le Vih Sida est effective à Ziguinchor. Au sein de l’hôpital de la Paix, le service pédiatre assure la prise en charge des 0-14 ans. Le pédiatre Assane Dramé, en service dans cet établissement, suit une cohorte de 16 enfants dont 5 déclarés perdus de vue. Les 10 mômes, qui restent, constituent sa file active. Si de manière globale, le suivi médical se passe bien, il faut noter que ce n’est pas toujours facile. «Le dépistage des enfants, on y pense tardivement», avoue le pédiatre. Souvent, le personnel soignant est alerté par des signes d’appel à l’infection Vih telle la malnutrition chez l’enfant. Or, souligne Dr Dramé, pour plus de chance de survie, on devrait dépister. D’ailleurs, maintenant, il est recommandé aux personnels traitants de dépister les enfants, qui présentent une malnutrition aiguë ou sévère. En plus, les acteurs de la lutte procèdent à des dépistages familiaux. Une stratégie qui cible les enfants des personnes vivant avec le Vih. «Nous les cherchons pour faire le dépistage et si la personne est positive, on la prend en charge», indique-t-il.
Pour ce qui concerne l’observance des enfants dans le service, les médecins déploient de gros efforts pour les maintenir dans leur traitement. Ceci pour être en phase avec le premier 90, qui est de mettre sous traitement 90% des personnes positives sous traitement antirétroviral. Car, explique Dr Dramé, «si un objectif de la stratégie des trois 90 n’est pas atteint, les autres ne le seront pas parce que c’est une chaine». Mais dans ce suivi, la difficulté pour les médecins est la fiabilité du tuteur de l’enfant. «Des fois, ce sont des enfants orphelins. Ils sont amenés à l’hôpital par un tuteur qui souvent voyage et n’est pas toujours conscient. Et très souvent, le suivi n’est pas régulier», regrette le praticien. Une situation qui favorise les perdus de vue.
La prise en charge des enfants n’est pas que médicale. Les pédiatres gèrent la nutrition et la psychologie des enfants. «On combine les trois aspects pour une bonne prise en charge», assure le pédiatre, qui ajoute que «quand on prend les Arv, ils ont besoin de véhicule notamment les protéines pour pouvoir atteindre le virus. On peut prendre les Arv, mais si on ne s’alimente pas, ça peut ne pas marcher». Pour gérer la psychologie de ces enfants, les médecins proposent aux parents de révéler aux enfants leur sérologie. Car, de l’avis de Assane Dramé, l’enfant qui prend des médicaments à partir de cinq, à partir de neuf ans, il se pose forcément des questions : «Pourquoi je prends ces médicaments. De quoi je souffre», relate M. Dramé par exemple. Dans ces cas, Dr Dramé conseille aux parents de dire la vérité à l’enfant. Mais le plus souvent, les parents refusent. «Je comprends les parents puisque s’ils révèlent à l’enfant son statut, ça peut les discréditer.»
La prise en charge se fait d’une manière satisfaisante. Pour ce qui est du service de pédiatrie de l’hôpital de la paix, la prise en charge a débuté en 2015. «Nous sommes à 16 cas dépistés et pris en charge. Parmi ces 16 cas, nous avons 10 dans la file active. C’est-à-dire que ce sont les 10 qui viennent régulièrement honorer leur rendez-vous. Nous avons un cas de décès et 4 perdus de vue», dit-il. Le personnel de prise en charge se félicite néanmoins de la disponibilité des Arv. «Toutes les molécules pédiatriques sont disponibles», renseigne Dr Dramé.