Clap de fin pour Robert Mugabe. Le doyen des chefs d’Etat africains n’a pas pu relever son défi le plus cher. Dans une de ses sorties, le natif de Kutama émettait son souhait de fêter l’anniversaire de ses 100 ans à la tête de la Nation zimbabwéenne. Finalement, 2017 a été l’année de la rupture, la période de la fin de son règne. Un départ forcé, après 37 ans d’exercice du pouvoir. L’acteur majeur de la vie politique de l’ancienne Rhodésie du Sud a été contraint de démissionner au profit de son ancien vice-président Emmerson Mnangagwa qui revient en force après un limogeage retentissant.
Au fil des années, l’icône perdait peu à peu son charme et son charisme. Le dimanche 19 novembre, il a été démis de ses fonctions à la tête de la Zanu-Pf (Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique), le parti au pouvoir, et exclu de cette même formation. Sa décision de démettre Mnangagwa a été la pomme de discorde entre «Ca­marade Bob» et la majorité de ses militants. A partir de ce moment, les carottes étaient cuites pour lui. Les déconvenues se sont dès lors multipliées. Les manifestations s’intensifiaient, ses sympathisants et partisans n’avaient qu’une seule envie : Envoyer le «Camarade Bob» à la retraite.
La mauvaise santé économique et l’utilisation de l’avion présidentiel par son épouse, Grace Mugabe, pour des courses dans d’autres pays du Nord l’ont éloigné de son Peuple. En peu de temps, l’idole des années 80 est devenue indésirable. Son placement en résidence surveillée avec son épouse et les nombreuses rencontres avec les officiers de l’Armée, ses anciens camarades de lutte, ont réussi à le faire tomber. L’Armée n’a aucunement usé des armes. La voie pacifique était donc l’option privilégiée.
Le 21 novembre, les choses se sont accélérées avec l’ouverture d’une séance consacrée à l’examen d’une demande de destitution par le Parlement. C’est en pleins travaux que l’instance a reçu sa lettre de démission. «Moi Robert Gabriel Mugabe remets formellement ma démission de président de la République du Zimbabwe avec effet immédiat. J’ai choisi volontairement de démissionner. Cette décision a été motivée par mon désir d’assurer un transfert du pouvoir sans problème, pacifique et non violent», a lu le président de l’Assemblée nationale Jacob Mudenda, sous les applaudissements de ses camarades. Son ex-compagnon, Emmerson Mnan­gagwa, «Le Crocodile», a hérité de son fauteuil le 24 novembre dernier. La moue gabée de Robert s’affiche désormais hors du Palais.
Stagiaire