A l’intérieur et à l’extérieur, le port de Dakar est occupé de façon anarchique. Le directeur général qui l’a constaté hier dans le cadre d’une visite a annoncé des mesures pour régler cette situation qui plombe sa compétitivité. Le Port autonome de Dakar a ainsi décidé, en relation avec les autorités administratives compétentes et les forces de sécurité, de procéder à une opération de désencombrement des voies de circulation hors barrières douanières les 20, 21 et 22 janvier 2018.
La congestion du port de Dakar est de plus en plus préoccupante. Lors d’une visite hier, le directeur général du Port autonome de Dakar, Aboubacar Sadikh Bèye, l’a constaté. Entre des camions stationnés de façon anarchique, hangars érigés sans respect des normes dans l’enceinte et un décor extérieur garni de marchands ambulants, de vendeurs à la sauvette ou marché en herbe, la plateforme portuaire offre un visage peu reluisant. Ici, c’est un flux important et non maîtrisé des camions qui cause un temps d’attente excessif des navires. Dehors, la voie publique constitue un véritable souk où toute sorte de produit est étalée à même le sol. Un décor qui entame la productivité du port, d’après son directeur général. «Chaque jour qu’un navire est en rade, c’est entre 10 mille et 15 mille dollars, soit 5 à 7,5 millions de francs Cfa. En un mois, certaines compagnies peuvent payer jusqu’à 1 million de dollars, environ 500 millions de francs Cfa. C’est costaud pour une entreprise. Le plan de circulation devrait être révisé. Il faudra réhabiliter le rail pour permettre que les conteneurs sortent. S’il y a lieu, les hangars seront détruits pour faire de l’espace pour le flux», a déclaré M. Bèye, accompagné du préfet de Dakar, Souleymane Touré, des services de l’Ageroute et du commissariat de Bel-Air.
Il faut noter que la combinaison de l’accroissement du volume du trafic et la disparition de l’acheminement par voie ferrée se traduit par des files d’attente journalières de camions voulant accéder ou sortir du port. «Notre port perd des parts de marché en compétition. Ce qui fait que les clients du port ne sont pas satisfaits, les transporteurs ont des problèmes, tous les acteurs portuaires se trouvent en difficulté pour faire leur travail», regrette le successeur de Cheikh Kanté. D’après lui, «toute minute perdue à l’extérieur ou à l’intérieur du port entame la productivité de l’économie. Ce sont des points de croissance perdus, de la richesse perdue et on ne crée pas d’emploi». Sur le sort des occupants de la place publique estimés à des centaines, si tout le monde ne sera pas déguerpi, le directeur du port de Dakar estime en revanche qu’il faut moderniser et améliorer le cadre : «Quand on gère l’économie, on ne va pas le faire de façon microéconomique. Ce sera de manière macroéconomique. Sur certains aspects, on peut prendre des décisions qui peuvent être localement difficiles, mais sur le plan du pays dans son ensemble, nous avons beaucoup plus de solutions et de productivité et de richesses. Le port doit être un endroit de sécurité. Pour cela, on ne va pas badiner là-dessus. Ensuite, il faudra permettre à chacun de faire son business.»
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