Les avocats de Mbaye Touré plaident la relaxe. Ils maintiennent que le Daf de la mairie de Dakar est innocent.

Pour Me Boubacar Kane, le Directeur administratif et financier (Daf) de la mairie de Dakar est une victime collatérale. «Si Mbaye Touré est là, c’est parce que Khalifa Ababacar Sall est là. Pourquoi l’Etat n’a pas poursuivi Pape Diop, Mamadou Diop ou remonté jusqu’à la période coloniale ? Il s’agit d’un dossier purement politique dans lequel les poursuites sont sélectives», a dit l’avocat. Et il rapporte les confidences de son client : «Ce qui me fait mal, c’est de n’avoir pas bouffé un seul sous de ce milliard 830 millions de francs.» Pour appuyer l’argumentaire du procès «politique», les avocats de Mbaye Touré ont convoqué l’histoire. «N’ou­blions pas que Cheikh Anta Diop a été emprisonné pour 2 mois parce qu’ayant refusé une offre politique. Le pays a un défaut de mémoire et est malade de sa culture. Et tant que l’Afrique n’aura pas la conscience qu’elle doit produire des écrits qui restent, elle ne peut pas aspirer au développement», a ajouté Me Youssoupha Camara. Me Kane rejette le délit de détournement. Pour qu’il soit constitué, dit-il, «il faut un manquant, un enrichissement et un appauvrissement». Mais, souligne-t-il, «aucun de ces trois éléments n’est réuni en l’espèce». Mieux, renseigne-il, Mbaye Touré recevait du percepteur 30 millions qu’il reversait intégralement à Khalifa Sall qui l’a confirmé. Suffisant pour dire que son client n’avait pas l’intention de recevoir cet argent à des fins personnelles ou pour porter préjudice à la mairie. «Il n’est qu’un subordonné dont l’employeur est le maire de Dakar», fait-il remarquer.

«Celui qui a gagné les élections en étant en prison raflera la Présidentielle s’il en sort»
Selon Me Camara, la lettre lue par les avocats de la partie civile n’avait que l’intention de détruire le témoignage de Pape Diop. Et comme elle n’a pas été discutée à la barre, il invite le juge à l’écarter et à rejeter la constitution de partie civile de l’Etat. Il rappelle que le rapport de l’Ige préconise la suppression de cette caisse d’avance. Pourtant, elle n’a jamais été supprimée. Et la raison, croit-il savoir, c’est qu’elle a «servi en partie le parti au pouvoir». «Ce qui nous intéresse et qui intéresse les Sénégalais, c’est de nous dire où est l’argent. Ce n’est pas parce qu’on veut des têtes qu’on va nous cumuler toutes ces infractions. Celui qui a gagné les élections (Ndlr : Législatives, mais qui l’ont placé 3ème derrière Bby et Wattu senegaal et 2ème à Dakar) en étant en prison raflera la Présidentielle s’il en sort», dit-il.

«Ce n’est pas honnête de requérir la relaxe pour les percepteurs et une peine ferme contre les autres»
Pour Me Camara, ce n’est pas honnête de demander la relaxe des percepteurs et de requérir une peine ferme contre les autres qui n’ont fait que leur travail. A ce propos, Me Leïty Ndiaye pense qu’il y a un «parti pris» entre Khalifa et les percepteurs. «Le Parquet a brandi 11 accusations contre Khalifa Sall et ses collaborateurs et rien contre les percepteurs», dénonce-t-il. Esti­mant qu’il y a une «absence d’élément moral», il a demandé de rétablir la balance afin que ces prévenus bénéficient des mêmes avantages que Ibrahima Touré et Mamadou Bocoum qui a «accepté de payer une avance qui n’est pas reconnue par le ministère des Finances pendant 120 mois comme l’a souligné la partie civile». En tout cas, l’avocat croit que «le Parquet cherche plutôt des résultats que la justice». Me Ndiaye affirme que Mbaye Touré est «responsable, mais pas coupable, car il n’a ni blanchi ni noirci les fonds» et plaide en conséquence sa relaxe.
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