Assurer une production et une publication des rapports de la Cour à bonne date, le parachèvement de la construction et l’équipement du siège de l’institution, le recrutement de personnels, le renforcement des relations de la juridiction financière avec les partenaires, telles sont les priorités qu’entend inscrire autour de son action le nouveau premier président de la Cour des comptes, Mamadou Faye, qui a été installé hier dans ses nouvelles fonctions.

Pour bien remplir aussi bien ses missions traditionnelles qu’additionnelles, la Cour des comptes du Sénégal devra disposer d’un siège moderne et fonctionnel, d’un effectif suffisant et de haut niveau ainsi que de moyens adéquats. La juridiction financière du pays devra aussi renforcer ses relations avec le Parlement et les autres organes de contrôle, a indiqué hier son tout nouveau premier président qui a été installé hier dans ses nouvelles fonctions. Pour relever ces défis, Mamadou Faye a décidé, après avoir prêté serment, d’inscrire son action autour de quatre priorités.

Production de la Cour
La première priorité concerne la production de la Cour. Il explique : «La culture de la reddition des comptes exige de la Cour des efforts pour une augmentation du nombre de ses rapports de contrôle, une amélioration de la qualité desdits rapports ainsi que leur publication à bonne date. C’est dire que les retards accusés présentement dans la production de notre rapport public général et dans le jugement des comptes des comptables publics doivent être résorbés comme l’ont été ceux concernant le rapport sur l’exécution des lois de finances». Ainsi, assure le successeur de Mamadou Hady Sarr, «nous nous engageons à trouver au niveau du cadre de concertation entre la Cour et le Mefp (ministère de l’Economie, des finances et du plan : Ndlr) une solution définitive aux difficultés rencontrées pour le jugement des comptes des comptables publics, mais à assurer une production et une publication régulière de nos rapports comme nous y invite d’ailleurs le Code de trans­parence».

Parachèvement du projet de siège
La deuxième priorité à trait au projet de siège de la Cour. En effet, déplore le magistrat, «depuis quelques années, les services de la Cour sont éclatés dans trois sites distants, situés au centre-ville à l’immeuble Fayçal, au Point E et aux Almadies. Cette situation préjudiciable au bon fonctionnement de l’institution aurait dû être dépassée depuis longtemps si l’entreprise en charge de la construction du nouveau siège avait respecté ses engagements». A son avis, «une solution rapide devra être trouvée pour le parachèvement de la construction et l’équipement de cet immeuble afin de permettre à la Cour d’accomplir ses missions dans la sécurité indispensable pour une justice financière performante».

Recrutement de personnels
S’agissant de la troisième priorité, le premier président de la Cour des comptes note le recrutement de magistrats. A ce propos, précise-t-il, «le dernier recrutement de personnels magistrats de la Cour remonte à 2003. L’effectif actuel est de 21 magistrats dont neuf emplois supérieurs du siège et du Parquet. Cette situation intenable empêche les vérificateurs de bien occuper le périmètre de contrôle de la Cour». C’est le lieu pour lui de dire «l’urgence capitale à doter la Cour de ressources humaines de qualité». C’est ce qui justifie, fait-il savoir au ministre de l’Economie, des finances et du plan présent à cette audience solennelle, leurs «attentes pour des postes budgétaires qui permettront à la Cour de recruter cette année-ci, aussi bien des magistrats que des assistants de vérification».

Renforcement des partenariats
Et comme quatrième défi majeur, Mamadou Faye évoque le renforcement des relations de la juridiction financière du Sénégal avec les partenaires, car «la performance de l’institution appelle un partenariat toujours plus fort avec l’Assemblée nationale que la Cour doit assister dans le cadre du contrôle de l’exécution des lois de finances. Elle demande également une collaboration avec les autres organes de contrôle de l’Etat pour ce qui est du contrôle interne. Elle impose aussi le raffermissement des relations de la Cour des comptes avec les partenaires techniques et financiers, les conseillers des ordres professionnels, les organisations de la société civile, la presse, le monde diplomatique etc.».
A ses yeux, une prise en charge adéquate de ces priorités susmentionnées permettra à la Cour des comptes d’atteindre sa vitesse de croisière.

Sortir la Cour du périmètre de la régulation budgétaire
Le nouveau patron de la juridiction financière du Sénégal n’a pas manqué de demander au ministre de l’Economie, des finances et du plan, Amadou Ba, «plus de compréhension par rapport à la régulation budgétaire pratiquée actuellement par ses services». Pour Mamadou Faye, «le souci permanent de l’amélioration des performances de contrôle de la Cour cadre mal avec une régulation budgétaire. Cette pratique pourrait non seulement empêcher la Cour d’amplifier sa contribution à une gouvernance vertueuse et efficace des finances publiques, mais aussi et surtout affecter l’indépendance de la Cour qui, fraudrait-il le rappeler, est une institution constitutionnelle bénéficiant d’une autonomie financière. Eu égard à toutes ces considérations, je vous demande de sortir la Cour du périmètre de la régulation budgétaire».
Le Procureur général, Fara Guédel Mbodj, décrit Mamadou Faye comme un «digne éclaireur» de la juridiction financière du Sénégal qui «a positivement marqué de son empreinte la Chambre des affaires budgétaires et financières, une Chambre dans laquelle il a fait toute sa carrière à la Cour».
Ainsi, renchérit Abdoul Madjib Guèye, président de la Chambre des entreprises publiques, qui présidait l’audience solennelle, la nomination du magistrat Faye pour assurer les fonctions de premier président de la Cour des comptes suscite de réels espoirs.
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