Un projet de 387 millions de francs Cfa d’ici les 5 prochaines années dans 5 communes du Sénégal (Kaolack, Louga, Kaffrine et Pikine Ouest et Nord). L’objectif étant de permettre aux personnes handicapées une participation citoyenne et politique active mais aussi un développement économique et social inclusif.

Les personnes vivant avec un handicap veulent désormais prendre leur destin en main. Elles revendiquent une participation politique active et un développement économique et social inclusif. Pour ce faire, la Fédération sénégalaise des associations de personnes handicapées (Fsaph), en partenariat avec l’Ong Sightsavers, déroule un projet intitulé  «Participation citoyenne et politique des personnes handicapées» pour réaliser ses ambitions. Dans la mise en œuvre de ce projet, qui dure 5 ans, les acteurs comptent activer trois piliers. Ils vont agir sur les lois et politiques, sur l’égalité des chances à travers l’accessibilité universelle qui comprend entre autres l’accessibilité physique et communicationnelle mais aussi sur la lutte contre toutes les formes de discrimination et de stigmatisation.
La mise en œuvre de ces points permettra aux personnes handicapées de s’impliquer pleinement dans l’exercice de leurs droits politiques et citoyens. Car, renseigne Issa Thiaré, Secrétaire général de la Fsaph, leur participation politique est freinée par des barrières systémiques. «Souvent dans les programmes et politiques, les personnes handicapées n’ont pas la possibilité de participer pleinement sur le plan de l’accessibilité», soutient le Secrétaire général de la Fsaph. Citant l’exemple du vote, M. Thairé estime qu’il est difficile pour eux (handicapés) d’accéder aux bureaux ou centres de vote sur le plan physique. Sur le plan communicationnel faisant référence aux handicapés auditifs, il n’est également pas facile de comprendre ce qui est en train de se passer surtout dans un contexte de campagne électorale. Heureusement, se réjouit Astou Sarr, responsable de programme à Sightsavers que sur ce point, il y a un début de solution. Puisque, révèle-t-elle, lors des élections législatives, «on a eu des transcriptions simultanées des langues des signes. C’est une première, cela a permis à une frange des handicapés auditifs de suivre activement le vote et non de le suivre de manière passive comme elle le faisait avant», témoigne le chargé de programme. Des efforts sont en train d’être faits aussi au sein de la Commission électorale nationale autonome (Cena), un point focal, en l’occurrence le colonel Momar Guèye, a été désigné. «Nous avons pris langue avec la Direction générale des élections pour faciliter l’accès aux bureaux et aux lieux de vote afin de permettre aux handicapés d’exercer leur droit de vote», promet-il. Aussi, souligne Astou Sarr, des personnes handicapées ont été formées sur tout le processus électoral par la Cena.
Des efforts ont été faits certes, mais reste beaucoup à faire, notamment dans le développement inclusif. Dès le début du projet, les acteurs soutiennent avoir contacté le ministère de la Gou­vernance locale. Seulement, indi­que le chargé de programme, il y a encore du travail à faire surtout dans les collectivités locales en ce qui concerne le développement local. «Si nous n’arrivons pas à avoir des handicapés dans les commissions des collectivités locales, le changement va tarder à venir», estime Astou Sarr. Ce projet est dans sa première année de mise en œuvre, il concerne les communes de Kaolack, Louga, Kaffrine et Pikine Ouest et Nord avec un budget de 387 millions de francs Cfa. Il constitue la seconde étape, la première étant le projet d’inclusion sociale et d’autonomisation sociale des personnes handicapées. Un processus, selon Issa Thiaré, qui vise plus de démocratie et de développement inclusif.
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