En Angola, c’est en quelque sorte «un habitué» des tribunaux qui est présenté à la justice ce lundi. Le journaliste Rafael Marques, régulièrement poursuivi ces dernières années, est cette fois jugé pour «outrage à un organe souverain» suite à une enquête publiée en 2016 concernant le procureur de la République de l’époque et un achat immobilier incompatible avec son statut. Rafael Marques et son coaccusé, un autre journaliste, risquent jusqu’à 3 ans de prison alors même que le nouveau Président Joao Lourenço a promis d’ouvrir l’espace démocratique et de lutter contre la corruption. La salle est comble pour ce procès. Les avocats de la défense soulignent que tout ce qui a été écrit par les journalistes est vrai et confirmé. Ils demandent à ce que l’affaire soit classée sans suite pour eux.
Devant une salle pleine, avec des journalistes, avec également des activistes pro-démocrati­ques, comme le rappeur Luaty Beirão venu apporter son soutien à Rafael Marques et son coaccusé Mariano Brás, également le Syndicat national des journalistes angolais avec son secrétaire général qui a lui aussi apporté son soutien aux journalistes. Tous réclament aujourd’hui le fait que cette affaire soit abandonnée.
L’argument des avocats devant la Cour est simple : les deux journalistes ont exercé la liberté garantie par la Constitution dans l’article 44, et ils sont protégés par cette Constitution.
Les avocats estiment donc que Rafael Marques, à l’origine de cette enquête, puisque son coaccusé Mariano Brás est juste accusé de l’avoir relayée, a apporté suffisamment d’éléments de preuves, de documents, y compris des documents signés par l’ancien procureur général de la République, pour bel et bien prouver qu’il a acheté un terrain en vue de construire un complexe immobilier, ce qui est incompatible avec ses fonctions à l’époque de procureur général de la République.
rfi.fr